Le 10 septembre 2025, une enquête du projet « Schémas » publiée par Radio Svoboda a révélé l’édification d’un site militaire au sud de Minsk, près du village de Pavlivka. Les travaux, entamés en juin 2024, pourraient accueillir le système balistique russe de moyenne portée « Oreshnik », dont la mise en place aurait une valeur stratégique pour Moscou dans la guerre contre l’Ukraine et dans le rapport de force avec l’Occident.
Images satellites et activité de construction
L’enquête s’appuie sur l’analyse de photos satellites d’une ancienne installation soviétique, le « camp militaire n° 25 Pavlivka », autrefois occupé par le 306e régiment de missiles de Sloutsk. Depuis l’été 2024, des coupes forestières et des travaux de terrassement sont visibles. L’année 2025 marque l’accélération du chantier, qui s’étend désormais sur plus de deux kilomètres carrés, soit environ 280 terrains de football. Les clichés d’août montrent des dépôts, trois hangars pour équipements, des fondations de nouveaux bâtiments, ainsi que trois zones supplémentaires reliées par des routes internes. Aucune information officielle sur ce site ne figure dans les documents publics ni sur les registres cadastraux.
Hypothèses d’experts et déclarations de Moscou
Pour Marko Eklund, ancien officier du renseignement finlandais, la configuration correspond à une base stratégique potentielle : « Je ne vois pas d’autre usage possible. Si un complexe Oreshnik devait être installé, ce site conviendrait parfaitement », a-t-il affirmé. Le président russe Vladimir Poutine avait déjà annoncé la possibilité de déployer ce missile en Biélorussie d’ici la fin 2025. L’« Oreshnik » est capable d’emporter des ogives à têtes multiples indépendantes, ce qui complique toute interception par les systèmes antimissiles modernes et renforce l’effet dissuasif de Moscou vis-à-vis de l’OTAN.
Conséquences régionales et pression sur Minsk
Le déploiement d’armes de ce type à proximité de l’Ukraine et de la Pologne réduirait le temps de vol vers des cibles européennes, augmentant la vulnérabilité d’infrastructures essentielles. L’OTAN pourrait être contrainte de renforcer sa défense antimissile et ses effectifs sur le flanc est. Ce scénario accentue la dépendance du régime d’Alexandre Loukachenko vis-à-vis de la Russie, tout en compliquant ses tentatives de maintenir des canaux avec l’Occident. Dans ce contexte, la visite du ministre hongrois des Affaires étrangères Péter Szijjártó à Minsk offre à Loukachenko une opportunité de légitimation internationale. Elle survient cependant alors que l’Ukraine subissait de nouvelles frappes de drones et de missiles russes, ce qui alimente les critiques sur la complaisance de Budapest envers les récits du Kremlin et accentue les divisions au sein de l’Union européenne et de l’Alliance atlantique.
