La Haye, 25 juin 2025 — Lors d’une conférence de presse organisée à l’issue du sommet de l’OTAN aux Pays-Bas, l’ancien président américain Donald Trump a affirmé que les ambitions territoriales de Vladimir Poutine « vont au-delà de l’Ukraine », soulignant que la Russie ne cherche pas uniquement à contrôler les territoires ukrainiens, mais envisage une recomposition géopolitique plus vaste en Europe de l’Est.
« Moscou aimerait que la guerre se termine », a néanmoins rappelé Trump, reprenant une position qu’il défend depuis plusieurs mois. Mais selon lui, les objectifs stratégiques de la Russie ne se limitent pas à Kyiv.
Des ambitions impériales réaffirmées
Les déclarations de Trump font écho aux inquiétudes croissantes au sein des capitales occidentales concernant la volonté du Kremlin de restaurer une forme d’influence impériale sur l’ancien espace soviétique. Plusieurs dirigeants européens et responsables du renseignement estiment que la guerre en Ukraine n’est qu’un élément d’un projet plus vaste : redessiner les équilibres établis après la fin de la guerre froide.
La rhétorique du pouvoir russe s’est durcie ces derniers mois, avec des références récurrentes à une supposée « Russie historique » qui engloberait non seulement l’Ukraine et la Biélorussie, mais aussi les pays baltes, certaines régions de la Pologne, la Moldavie, voire au-delà.
Préparation à un conflit plus large
Dans ce contexte, plusieurs États frontaliers de la Russie – Finlande, Estonie, Lettonie, Lituanie et Pologne – ont annoncé leur intention de se retirer de la Convention d’Ottawa, qui interdit l’utilisation des mines antipersonnel. Un pas significatif, justifié par la nécessité d’anticiper une possible expansion militaire russe. Ces pays considèrent désormais que des mesures auparavant jugées extrêmes deviennent indispensables pour assurer leur défense.
Selon plusieurs services de renseignement occidentaux, le Kremlin intensifie ses préparatifs militaires en vue d’un affrontement potentiel avec l’OTAN, y compris dans les régions de Kaliningrad et le long de la frontière biélorusse.
L’Europe confrontée à une urgence stratégique
La reconnaissance par Trump du caractère expansif de la stratégie russe met en lumière un dilemme stratégique majeur pour les Européens : renforcer maintenant l’aide à l’Ukraine, ou risquer une confrontation future sur leur propre territoire. Pour plusieurs analystes, le soutien occidental à Kyiv n’est pas uniquement une question de solidarité, mais un calcul rationnel visant à contenir une menace systémique avant qu’elle n’atteigne le cœur du continent.
En affaiblissant militairement la Russie sur le front ukrainien, les États occidentaux gagnent un temps précieux pour moderniser leurs forces armées, renforcer leur coordination et bâtir une stratégie commune face aux nouvelles formes de guerre hybride, de chantage énergétique et d’ingérence politique orchestrées par le Kremlin.
Un signal politique au-delà des divergences
Les propos de Trump marquent également un tournant. Bien que souvent critique envers l’ampleur de l’aide militaire américaine à l’Ukraine, l’ancien président reconnaît désormais l’ampleur du danger posé par la Russie à l’ensemble de la région. Son évaluation oblige les partenaires européens à réfléchir à la pérennité de leur engagement – dans un contexte où le retour de Trump à la Maison Blanche n’est plus une hypothèse marginale.
Cette déclaration agit comme un avertissement indirect à l’Europe : en l’absence de garantie d’un soutien automatique américain, l’UE pourrait se retrouver en première ligne d’un conflit qu’elle pensait pouvoir contenir aux frontières de l’Ukraine.