Titres-restaurant : les restaurateurs demandent la suppression du plafond journalier alors que Spotify augmente ses tarifs en Europe.

Titres-restaurant : les restaurateurs demandent la suppression du plafond journalier alors que Spotify augmente ses tarifs en Europe.

05.08.2025 11:03
3 min de lecture

Le 4 août 2025, lors d’une intervention sur TF1, Alain Fontaine, président de l’Association française des maîtres restaurateurs (AFMR), a lancé un appel en faveur d’une réforme ciblée du système des titres-restaurant. Dans un contexte où le gouvernement s’apprête à repenser ce dispositif, cette déclaration ravive le débat sur l’efficacité et la pertinence du plafond quotidien qui est actuellement fixé à 25 euros. Ce sujet soulève des tensions significatives entre les restaurateurs, les grandes surfaces et les employés qui utilisent ces titres, rapporte TopTribune.

« Libérer complètement le plafond pour les restaurants » : une demande assumée

Alain Fontaine a été clair dans ses propos. Devant les caméras de TF1, il a affirmé :
« Libérez complètement le plafond pour les restaurants. […] Il y a 5,5 millions de consommateurs qui ont des réserves de titres-restaurant. Donc il faut libérer ça, soit toute l’année soit sur des périodes comme Noël ou vacances, afin que les familles puissent dépenser l’intégralité de ces réserves en une seule fois. ».

Son argument repose sur un constat évident : avec le télétravail et les nouvelles habitudes de consommation, de nombreux salariés ont vu s’accumuler des titres-restaurant non utilisés. Actuellement, une famille souhaitant régler un repas d’une valeur de 100 euros ne peut utiliser uniquement 25 euros de titres-restaurant par convive et par jour.

Le plafond journalier dans les supermarchés, ligne rouge pour les restaurateurs

La position d’Alain Fontaine va au-delà d’une simple demande ; il fait une distinction claire entre les restaurants et d’autres types de distribution : « Il y a une crise de pouvoir d’achat, donc garder le plafond pour les supermarchés à 25 euros et surtout ne jamais l’augmenter ». Cette précision est capitale : l’AFMR ne demande pas l’élimination totale du plafond journalier, mais souhaite une differenciation entre circuits de consommation.

Depuis la réforme provisoire introduite en 2022, les titres-restaurant sont utilisables pour un large éventail de produits alimentaires, y compris les articles non préparés, en supermarché. Cette mesure, initialement temporaire, sera pérennisée à partir de 2027.

Un manque à gagner estimé à 1,5 milliard d’euros pour les restaurateurs

D’après les estimations des organisations professionnelles, telles que l’Umih (Union des métiers et des industries de l’hôtellerie) et le GHR (Groupement des hôtelleries et restaurations de France), les pertes engendrées pour les restaurateurs seraient de l’ordre de 1,5 milliard d’euros depuis l’élargissement de l’utilisation des titres en grande distribution.

Ce changement progressif dans les usages a modifié le paysage des bénéficiaires. Selon un rapport, la part des grandes surfaces dans l’utilisation des titres-restaurant a grimpé de 22,4 % en 2022 à 30,8 % en 2024, alors que celle des restaurants a chuté à 40,1 %.

Une tendance qui soulève des inquiétudes : les restaurateurs redoutent une perte d’attractivité du système, conçu à l’origine pour soutenir la restauration collective et commerciale.

Le gouvernement temporise, les restaurateurs s’impatientent

Malgré la pression exercée, le gouvernement ne semble pas enclin à adopter la proposition d’Alain Fontaine. La ministre du Commerce et des PME, Véronique Louwagie, a fait savoir que le projet de double plafond était écarté, qualifiant cette idée d’« usine à gaz », susceptible de créer une « rupture d’égalité devant la loi », ce qui pourrait entraîner un rejet de la réforme par le Conseil d’État.

La réforme actuelle prévoit principalement la dématérialisation généralisée des titres, la possibilité de les utiliser le dimanche à partir de 2027, ainsi que la fin des titres papier, mais aucun assouplissement du plafond journalier n’est envisagé.

Une carte très encadrée, un usage encore restreint

Les titres-restaurant sont à présent fournis sous forme de carte prépayée, cofinancés par l’employeur (entre 50 % et 60 %). Le plafond d’utilisation demeure fixé à 25 euros par jour pour tout achat en supermarché ou tout repas dans un restaurant.
De plus, l’exonération maximale des charges patronales est limitée à 7,26 euros par titre en 2025, selon les barèmes les plus récents du ministère de l’Économie.

Pour les restaurateurs, cette rigidité représente un obstacle à la consommation sur place et constitue un manque à gagner structurel.

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