Les autorités moldaves et occidentales alertent sur une possible vague de violence organisée par des services russes à l’occasion des élections parlementaires du 28 septembre 2025. Selon un rapport de renseignement, Moscou mobiliserait des mercenaires formés en Serbie pour perturber le scrutin. Les experts affirment que l’objectif est de décrédibiliser le vote et de provoquer son annulation si les forces pro-européennes l’emportent. Les États-Unis et plusieurs pays de l’OTAN recommandent à leurs ressortissants d’éviter Chișinău et les rassemblements publics.
Arrestations en Serbie et détentions en Moldavie
Entre juillet et septembre 2025, des camps d’entraînement paramilitaire auraient été organisés dans l’ouest de la Serbie, ciblant des citoyens moldaves et roumains. Deux individus ont été arrêtés en Serbie : Lazar Popović, ancien conseiller d’un ministre serbe pro-Kremlin, et Savo Stevanović, ancien membre d’un parti nationaliste. En parallèle, la police moldave a interpellé 74 personnes et saisi passeports, armes et fonds, accusant Moscou de coordonner l’opération via des réseaux transfrontaliers. Les investigations mettent en lumière une coopération entre opérateurs russes, serbes et moldaves visant à déstabiliser l’élection.
Preuves d’une opération orchestrée par Moscou
Des vidéos et documents publiés par les autorités moldaves montrent des échanges internes, transferts d’argent, uniformes et armes provenant de ce camp. Les recrues auraient appris à briser des cordons policiers et à mener des actions violentes. Certains seraient venus en prétextant un pèlerinage orthodoxe, payés environ 400 € par voyage. Des responsables soulignent que ces activités relèvent vraisemblablement de la GRU ou de services affiliés, financées par des réseaux pro-russes incluant des figures politiques.
Stratégie russe : affaiblir la trajectoire européenne de la Moldavie
Ces opérations s’inscrivent dans une campagne plus large visant à saper le gouvernement pro-européen de Maia Sandu. Selon elle, « le Kremlin investit des centaines de millions pour influencer le vote ». Moscou multiplie désinformation, achats de voix, manifestations et pressions économiques, notamment via le gaz. L’objectif stratégique est clair : freiner l’intégration de la Moldavie à l’UE et à l’OTAN, maintenir son influence et déstabiliser le processus démocratique. Ce type de tactique hybride combine action clandestine, influence politique et propagande.
Le rôle ambigu de la Serbie
La Serbie, qui n’a pas rejoint les sanctions contre Moscou et entretient des liens historiques avec la Russie, est pointée comme base logistique. Bien que les autorités serbes aient procédé à des arrestations, des voix s’interrogent sur une possible complicité interne, en raison des liens des suspects avec des personnalités politiques. Certains éléments indiquent que l’opération a pu se dérouler sous couvert d’activités touristiques, à l’écart du contrôle étatique, mais bénéficiant d’une tolérance implicite.
Acteurs moldaves impliqués et enjeux internes
Le réseau d’Ilan Shor, oligarque moldave sanctionné par l’UE et les États-Unis, est accusé de financer des manifestations anti-gouvernementales. Igor Dodon, dirigeant du Bloc patriotique pro-russe, dénonce une « persécution politique », tout en étant lié à certains individus arrêtés. Ces dynamiques internes s’ajoutent aux risques d’ingérence étrangère, renforçant la polarisation politique avant le scrutin.
Un défi stratégique pour la stabilité régionale
La tentative de déstabilisation moldave illustre une approche hybride visant à créer un climat d’instabilité et à exploiter des fragilités démocratiques. Cela pose une menace pour la sécurité régionale et la cohésion européenne, notamment à la lumière des tensions actuelles en Europe de l’Est. Les prochaines semaines seront déterminantes pour la capacité de la Moldavie à préserver un processus électoral libre et sûr.