Le gouvernement élargit la suspension de la réforme des retraites aux carrières longues
À la veille d’un débat crucial à l’Assemblée nationale, le gouvernement français ajustera la suspension de la réforme des retraites pour inclure les carrières longues. Cette décision vise à garantir le bon déroulement des discussions budgétaires, bien qu’elle entraîne un coût supplémentaire pour l’État, rapporte TopTribune.
La suspension de la réforme sera discutée le 12 novembre, et elle suscite déjà des divergences. Pour apaiser les préoccupations du Parti socialiste (PS), le gouvernement prévoit de déposer un amendement élargissant la suspension aux travailleurs ayant des carrières longues, c’est-à-dire ceux ayant commencé à travailler avant 20 ans. Ces derniers auront la possibilité de partir à la retraite à taux plein avant l’âge légal, corrigeant ainsi une omission dans la première version de la suspension, qui ne s’appliquait qu’aux retraités de droit commun.
Précisément, le ministre Sébastien Lecornu a promis que la réforme serait gelée à 62 ans et 9 mois, à la place de 63 ans, pour les générations concernées. Cependant, cette mesure initiale ignorait les spécificités des carrières longues, créant un « angle mort » qui risquait de nuire à leur situation. Les critiques des socialistes, suivies par celles des écologistes et des communistes, ont conduit le gouvernement à réévaluer sa position.
Pour s’assurer de l’adoption de la suspension, l’exécutif doit éviter un vote défavorable qui pourrait interrompre les discussions budgétaires. Ce nouveau amendement va même au-delà des demandes initiales des syndicats, tels que la CFDT, qui n’avait pas réclamé une telle précision. En outre, le gouvernement envisage d’étendre cette suspension aux catégories de fonctionnaires bénéficiant de départs anticipés, ainsi qu’aux personnes nées au cours du premier trimestre de 1965.
Cependant, ces modifications impliquent des coûts supplémentaires, car elles permettraient à un plus grand nombre de personnes de prendre leur retraite plus tôt. En 2024, la Caisse nationale de l’assurance vieillesse prévoyait près de 120 000 départs en carrières longues, représentant environ 18 à 20 % des départs totaux. L’impact financier de cette extension pourrait coûter plusieurs dizaines de millions d’euros de plus au budget national, mais le gouvernement semble déterminé à assumer ce coût pour éviter un risque de censure.