Strasbourg approuve un partenariat controversé avec un camp de réfugiés palestinien.

Strasbourg approuve un partenariat controversé avec un camp de réfugiés palestinien.

24.06.2025 10:24
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Il est difficile de dire que le jumelage de la ville de Strasbourg avec le camp de réfugiés d’Aida en Palestine, tout en ayant suspendu celui avec la ville israélienne de Ramat Gan, a suscité une atmosphère de paix et de solidarité lors du dernier conseil municipal. Après des discours passionnés et souvent polarisants, ainsi que quelques interruptions, le jumelage a finalement été adopté : le groupe socialiste s’est abstenu, tandis que le centre-droit a voté contre. Précisément, le conseil a approuvé le jumelage avec le camp proche de Bethléem par 49 voix pour, 10 contre et cinq abstentions, rapporte TopTribune.

Le vote a également inclus un partenariat avec la ville de Bethléem, soutenu par le ministère français des Affaires étrangères, ainsi qu’une aide humanitaire d’urgence de 20 000 euros destinée à Gaza, qui a été adoptée à l’unanimité.

« Importer le conflit israélo-palestinien »

L’opposition a accusé Jeanne Barseghian d’avoir contribué à l’importation du conflit israélo-palestinien, ajoutant de l’huile sur le feu et suscitant l’incompréhension, voire l’indignation, parmi de nombreux Strasbourgeois. Cette décision a été perçue comme allant trop vite et « marquée par l’improvisation », a déploré Jean-Philippe Vetter (LR). De plus, la municipalité a suspendu son jumelage avec Ramat Gan, dont les relations remontent à plus de 30 ans, soulignant que « les conditions ne sont pas réunies », comme l’avait précisé la maire de Strasbourg, Jeanne Barseghian. Ce dernier point a été soulevé par l’ancienne maire et ministre Catherine Trautmann (PS), qui a déclaré : « Un jumelage repose sur la réciprocité des engagements, et vous vous êtes éloignée de l’une des parties ».

« Je ne souhaite en aucun cas rompre ces liens forts avec Ramat Gan ni ce jumelage, l’objectif est que cette porte puisse se réouvrir quand les conditions le permettront et quand la paix reviendra, j’espère le plus rapidement possible », a affirmé Jeanne Barseghian. « Strasbourg, capitale européenne, peut avoir deux jumelages coexistants : Ramat Gan et le camp d’Aïda, tout comme nous espérons que les deux États pourront coexister pacifiquement et en toute sécurité à l’avenir. La ville de Strasbourg ne prend pas parti. Nous sommes un symbole de paix et de réconciliation », a-t-elle ajouté.

À l’extérieur du conseil, environ cinquante membres de la communauté juive de Strasbourg s’étaient rassemblés à l’appel du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France) Alsace, du Consistoire israélite du Bas-Rhin et du Fonds social juif unifié (FSJU). « C’est un message politique et partisan. Madame la maire s’adresse à une partie des Strasbourgeois qu’elle souhaite séduire en vue des prochaines élections. Cela ne fait aucun doute », a déploré Thierry Roos, Vice-président honoraire du consistoire. En revanche, un petit groupe de manifestants exprimait son soutien à la Palestine. Le mois dernier, le Crif avait exprimé sa « consternation » et critiqué le keffieh porté par Jeanne Barseghian lors d’une visite d’une délégation du camp d’Aïda, ainsi que le cadeau reçu : une carte d’Israël couverte de drapeaux palestiniens, représentant un territoire sans Israël.

« Dans la perspective de la création d’un État de Palestine »

« La mise en place d’un jumelage avec le camp d’Aïda est un geste symbolique qui vise à tisser des liens avec le peuple palestinien, en vue de la création d’un État de Palestine aux côtés d’Israël », a précisé Jeanne Barseghian. Celle-ci a souligné que ce jumelage est « destiné à la jeunesse » et envisage des coopérations dans les domaines artistique, culturel, sportif, tout en souhaitant aussi « travailler sur les droits des femmes et sur le numérique ». Elle a rappelé que des liens existaient entre Aïda et Strasbourg depuis le début des années 2000, et que ces échanges s’étaient poursuivis en 2023 lors du festival de musique contemporaine Musica, auquel des artistes du camp avaient participé.

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