Stéphane Lenfant, vice-président du conseil départemental d’Ille-et-Vilaine, relance sa campagne pour les municipales de 2026 à Noyal-sur-Vilaine après deux tentatives infructueuses en 2014 et 2020. Afin d’établir sa liste de 29 candidats, il a décidé de nouvelles méthodes en attribuant dix places à des habitants de la commune tirés au sort. « Nous voulons élargir la représentation pour qu’elle soit la plus diverse et représentative possible », a-t-il déclaré, citant un malaise croissant envers la politique locale, rapporte TopTribune.
Récemment, 200 résidents de Noyal-sur-Vilaine ont été informés par courrier de leur sélection pour participer à cette initiative. Une réunion a eu lieu pour leur exposer les modalités du projet. « Nous les recontacterons en début d’année pour savoir s’ils souhaitent se joindre à la liste, mais il n’y a aucune obligation », a souligné l’élu. Lenfant note que l’intérêt citoyen pour la démocratie locale est en déclin : « Mobiliser les gens devient plus compliqué, beaucoup sont déçus par le contexte politique national, ce qui impacte également le niveau local. Ce tirage au sort pourrait contribuer à rétablir un lien avec les citoyens. »
Une méthode déjà utilisée par Macron ou Villani
La démarche de Lenfant n’est pas sans précédent. Au cours des élections municipales de 2020 à Paris, Cédric Villani, candidat dissident de La République En Marche, avait également inclus des citoyens tirés au sort sur sa liste. Des listes participatives ont vu le jour à travers le pays, réussissant à intégrer des novices en politique dans les conseils municipaux. Emmanuel Macron a, quant à lui, utilisé ce principe lors du grand débat national en 2019, poursuivant cette méthode pour les conventions citoyennes, notamment sur des thèmes liés à l’environnement et au bien-être.
Alors que la France traverse une période de dislocation politique, beaucoup s’interrogent sur la capacité du tirage au sort à revitaliser la démocratie locale. « Ce n’est pas une solution miracle, mais cela représente un outil prometteur pour mobiliser ceux qui se sentent éloignés du système », a affirmé Thomas Simon, expert en mobilisation citoyenne.
« Ouvrir notre liste à des profils différents »
Thomas Simon, cofondateur de Fréquence Commune, a élaboré une nouvelle approche de tirage au sort utilisant des algorithmes pour générer aléatoirement un panel d’adresses électorales. « Cela permet de toucher une plus large population sans se limiter à la liste électorale traditionnelle », a-t-il expliqué. Cette méthode a également été appliquée par le Collectif d’Angoulême, qui a chargé un panel sélectionné de faire connaître son initiative aux foyers concernés.
Cependant, les retours ont été mitigés, avec plusieurs portes claquées et peu d’intérêt. « Sur 350 personnes tirées au sort, seule une a accepté d’intégrer notre liste », a déploré un membre du collectif. Ce bilan souligne les challenges liés à la mobilisation citoyenne. Malgré cette première tentative peu fructueuse, le Collectif d’Angoulême souhaite persévérer en réservant huit places pour des personnes extérieures, mais via des co-options plutôt que par tirage au sort.
En conclusion, malgré les limites observées, ces initiatives témoignent d’un désir de renouvellement et d’ouverture dans le paysage politique local, face à une désaffection croissante envers les institutions traditionnelles.