Le nouveau Premier ministre français, Sébastien Lecornu, fait face à une pression politique accrue alors qu’il reconnaît ses limitations, déclarant qu’il est le « Premier ministre le plus faible de la Ve République ». Cette admission a été faite lors d’une rencontre avec des organisations syndicales et patronales à Matignon, alors que la liste du gouvernement n’est toujours pas dévoilée, rapporte TopTribune.
« Je ne suis pas Édouard Philippe »
Nommé il y a deux semaines, Lecornu est confronté à un Parlement sans majorité suite à la dissolution de l’Assemblée nationale en 2024. Il a déclaré : « Je ne suis pas Édouard Philippe, je n’ai pas 350 députés sur lesquels m’appuyer », selon la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, qui a perçu cette confession comme un signal de prise de conscience.
En justifiant son incapacité à fournir des détails sur le budget de 2026, Lecornu a reconnu que « à ce prétexte-là », il ne pouvait pas s’engager auprès des syndicats. En réaction, Binet a insisté pour obtenir des précisions concernant les priorités budgétaires en se demandant « qu’est-ce que vous écartez pour éviter qu’il y ait des peurs inutiles », mais a signalé qu’aucune réponse concrète n’a été fournie.
Murielle Guilbert de Solidaires a corroboré les difficultés exprimées par Lecornu, ajoutant qu’il s’agissait d’une reconnaissance d’une situation politique tendue. Toutefois, elle a souligné que la macronie ne devrait pas attendre de clémence face aux conséquences de ses propres choix politiques.
Le Medef plus conciliant avec Matignon
Lors de la réunion, Lecornu a tenté de rallier le soutien des syndicats, affirmant : « Je n’arriverai pas sans vous. Il faut me laisser le crédit. Je viens d’arriver. Le Parlement nous attend au tournant ». Cela a conduit à des préoccupations quant à la montée des partis extrêmes qui pourraient tirer parti de la situation actuelle. Face à une absence de « réponse claire », les syndicats ont décidé d’organiser une nouvelle journée de mobilisation le 2 octobre.
Patrick Martin, leader du Medef, a également noté l’auto-conscience de Lecornu quant à ses marges de manœuvre limitées, soulignant qu’il a précisé : « ne vous adressez pas à moi comme vous vous adressiez à Édouard Philippe, qui avait une majorité parlementaire pléthorique ». Martin a ajouté qu’il comprenait bien que Lecornu ne puisse pas être catégorique ou précis sur de nombreux sujets.