La situation à Sarajevo devient de plus en plus préoccupante. Selon un rapport de la société suisse de surveillance de la qualité de l’air IQAir, la capitale de la Bosnie-Herzégovine a été récemment désignée comme la ville la plus polluée au monde le 16 décembre 2025, surpassant même des mégalopoles asiatiques souvent pointées du doigt pour leur niveau de pollution, rapporte TopTribune.
Malgré une légère amélioration par rapport au début de la semaine, les niveaux de particules PM2,5 demeurent alarmants, atteignant 14 fois les valeurs limites annuelles fixées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Ces particules, de diamètre inférieur à 2,5 µm, émanent d’un mélange de composés chimiques et sont considérées comme gravement nocives pour la santé en raison de leur concentration élevée.
Le chauffage domestique est l’une des principales sources de cette pollution. Sur une population de 350 000 habitants, entre 30 000 et 40 000 ménages recourent à des méthodes de chauffage inefficaces, utilisant du bois humide et de la biomasse. Anes Podic, de l’organisation environnementale Eko Akcija, a souligné que « seuls 500 foyers ont bénéficié de cuisinières à gaz grâce à l’aide internationale », illustrant une situation critique en matière d’infrastructures énergétiques.
La conformation géographique de Sarajevo, située dans une vallée entourée de montagnes, aggrave cette crise en piégeant les polluants dans l’air. Ce phénomène, appelé inversion de la température, favorise l’accumulation d’air froid et de particules polluantes près du sol, rendant la situation sanitaire encore plus préoccupante pendant les mois d’hiver.
Un seuil dépassé plus d’une centaine de fois par an
Pour tenter d’améliorer la qualité de l’air, les autorités locales ont récemment mis en place des mesures pour contrôler d’autres sources de pollution, y compris celles issues du trafic, qui contribuent à hauteur de 20 % à ce problème. Les camions de plus de 3,5 tonnes et les véhicules ne respectant pas les normes de l’Union européenne sont désormais interdits dans la ville, ainsi que les travaux de construction, afin de limiter les émissions.
Cependant, ces mesures sont perçues comme étant temporaires face à une crise persistante. Enis Krecinic, expert de l’Institut hydrométéorologique de Bosnie-Herzégovine, a attesté que les niveaux de PM2,5 dépassent le seuil autorisé plus d’une centaine de fois par an, renforçant la nécessité d’une stratégie à long terme pour faire face à cet enjeu environnemental.
Les conséquences de cette pollution ne se limitent pas à l’environnement. Selon l’Organisation mondiale de la santé, la Bosnie-Herzégovine enregistre l’un des taux de mortalité les plus élevées en raison de la pollution atmosphérique, se positionnant au cinquième rang mondial. La Banque mondiale, quant à elle, estime que la pollution cause chaque année 3 300 décès prématurés et entraîne une perte de plus de 8 % du PIB du pays.
La situation à Sarajevo catalyse les débats sur les politiques environnementales et les mesures à prendre pour protéger la santé des habitants. Les citoyens, les organisations non gouvernementales et les autorités doivent unir leurs efforts pour relever ce défi urgent et mettre en place des solutions durables qui non seulement réduisent la pollution, mais améliorent également la qualité de vie.