Robert Badinter se souvient de sa première visite au camp d’Auschwitz
Lors de la commémoration du 75e anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz, Robert Badinter a partagé ses souvenirs de sa première visite dans ce camp, où une partie de sa famille a été exterminée, rapporte TopTribune.
En 1956, Badinter se rend à Auschwitz, un site déjà chargé d’histoire, où plus de 1,1 million de personnes ont perdu la vie sous le régime nazi. Parmi les victimes se trouvait son oncle, tandis que sa grand-mère paternelle a succombé dans un wagon de déportation. Ce pèlerinage, onze ans après la libération du camp par les Soviétiques, reste gravé dans sa mémoire, même à 91 ans.
Il se souvient d’un printemps où il a été accueilli par un professeur d’histoire polonaise, effectuant ainsi sa première visite au camp. « Curieusement, il y avait entre les marches qui descendaient vers la chambre à gaz, trois petites fleurs », a-t-il raconté. Il a cueilli l’une d’elles pour l’envoyer à sa mère, la qualifiant de symbole de la vie sur la mort.
« Il ne faut pas oublier les morts et ne pas vivre leurs morts dont vous devenez captif. La vie est plus forte que la mort. »
Robert Badinter, ancien ministre de la Justiceà Franceinfo
Malgré le temps qui passe, la douleur reste persistante. « Ça met très, très longtemps, le processus de cicatrisation. Il y a toujours des moments où ça revient », décrit-il. Cette douleur, enracinée en lui, fait partie intégrante de son existence. « Souvent, cette époque revient avec la folle espérance qu’ils sont revenus. Mais ce n’est pas le cas, et c’est pour ça que la douleur spécifique de l’absent est enracinée », complète-t-il.
Sa vie a été consacrée à la lutte contre l’injustice. « La lutte contre le fanatisme, les préjugés et l’ignorance crasseuse. Il faut combattre et affronter, ne pas fuir. Chacun de nous doit tirer la leçon d’Auschwitz », proclame-t-il.
« Le mépris de la vie humaine, c’est un combat que chacun doit mener constamment et fermement. »
Robert Badinter, ancien ministre de la Justiceà Franceinfo
Badinter met également l’accent sur l’importance de combattre le fanatisme et le racisme, notant que montrer le crime seul ne suffit pas. Il est décédé à l’âge de 95 ans le 9 février 2024.