Le récent développement dans la métropole rennaise pourrait ne pas toucher directement la vie quotidienne des citoyens, mais il transmet un message politique clair : l’urbanisme doit évoluer et s’adapter aux enjeux du réchauffement climatique. Lors d’une séance qui a eu lieu jeudi dernier, le conseil de Rennes métropole a voté pour une seconde modification de son plan local d’urbanisme intercommunal, qui agit comme un guide pour les constructions dans cette région de moins de 500.000 habitants, rapporte TopTribune.
Avec l’instauration de nouvelles normes, la collectivité, qui est dirigée par la gauche, a déjà exigé que tous les nouveaux logements comprennent un balcon ou une loggia. À présent, l’obligation de récupérer les eaux de pluie dans toutes les nouvelles constructions est également mise en place. Cette eau devra alimenter les réseaux de toilettes et de machines à laver, visant à réduire la consommation d’eau. De plus, des restrictions ont été instaurées concernant la taille des piscines privées, ce qui ne fait pas l’unanimité, suscitant des oppositions au sein de la population.
Une interdiction globale annulée
En France, une piscine de plus de 10 m² nécessite une autorisation. Désormais, Rennes métropole se réserve le droit de refuser toute construction de bassin excédant un volume de 25 m³ d’eau. Laurence Besserve, vice-présidente déléguée à l’urbanisme, a précisé que certaines communes avaient envisagé d’interdire la construction de toutes piscines, mais que cela n’était pas une option souhaitée. L’objectif est de limiter la consommation d’eau pour le bien de la collectivité, d’autant plus que le département d’Ille-et-Vilaine est placé sous vigilance jaune en raison de la sécheresse.
Bien que l’opposition ait exprimé des réserves sur plusieurs points du nouveau PLUI, elle n’a pas contesté les mesures concernant les piscines. Antoine Cressart, un élu de l’opposition, a souligné la nécessité d’apprendre à gérer l’eau, mais estime que cette mesure présente des aspects démagogiques et qu’elle ne semble pas nécessaire, surtout sans une réelle concertation avec les citoyens. Ce constat est partagé par de nombreux professionnels du secteur.
Malaise parmi les professionnels
Les fabricants et installateurs de piscines ont vivement réagi à cette initiative. Joëlle Pulinx, déléguée générale de la Fédération des professionnels de la piscine et du spa, a déclaré que cette décision était motivée par des considérations politiques plutôt qu’écologiques. Elle a précisé qu’une piscine est généralement remplie une seule fois, et que leur secteur s’efforce de réduire son impact environnemental.
Leurs arguments sont soutenus par l’affirmation que les 3,6 millions de piscines privées en France ne représenteraient que 0,08% de la consommation d’eau annuelle, un chiffre en baisse par rapport à 2023. Cependant, ce chiffre est contesté par d’autres sources qui suggèrent que les ménages avec piscine consomment une proportion bien plus élevée d’eau. Pour les opposants à cette réglementation, ces chiffres sont parfois embellis pour soutenir une narrative en faveur des restrictions.
Réaction du public et des professionnels
Les piscines, en plus d’être un sujet de débat, sont devenues un symbole de luxe, et leur limitation a généré peu de réactions parmi le grand public lors des consultations publiques l’an dernier. Beaucoup reconnaissent qu’une piscine fait partie de la construction dans un espace réduit et peut avoir des effets d’imperméabilisation du sol, nécessitant des ajustements quant aux projets futurs.
Le nombre de piscines aménagées dans la métropole a probablement augmenté depuis la pandémie, entraînant une prolifération d’entreprises dans le secteur. Cependant, cette nouvelle régulation peut avoir un impact économique significatif sur ces entreprises. François Lavaleur, dirigeant de Rennes Piscines, souligne que la clientèle de la métropole représente une part importante de son activité, et que beaucoup de ces projets étaient plus ambitieux en termes de taille.
Les limitations imposées signifieront que désormais, les installateurs devront se conformer à des dimensions standards, induisant une modification des intentions d’achat pour de nombreux clients. Alors que cette équipe de professionnels s’est habituée à des constructions sur mesure, ils se trouvent désormais face à une réalité où les besoins de la planète priment sur les désirs individuels. Ce changement souligne la nécessité d’une harmonisation entre le développement urbain et la préservation des ressources naturelles afin de répondre à nos défis actuels.