Réforme controversée : le gouvernement cherche à récupérer 4,2 milliards d'euros en 2026 en supprimant deux jours fériés

Réforme controversée : le gouvernement cherche à récupérer 4,2 milliards d’euros en 2026 en supprimant deux jours fériés

13.08.2025 06:23
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François Bayrou propose de convertir des jours fériés en jours travaillés pour améliorer les finances publiques

Le Premier ministre français, François Bayrou, a annoncé son intention de demander aux entreprises de contribuer financièrement à l’État en échange de la possibilité de travailler le lundi de Pâques et le 8 mai. Cette réforme, qui vise à accroître l’activité économique, soulève néanmoins des interrogations, rapporte TopTribune.

François Bayrou a régulièrement exprimé son inquiétude quant à la productivité des Français, qu’il juge insuffisante par rapport à celle de pays comme l’Allemagne. Sa volonté de réforme s’inscrit dans le cadre de son premier budget en tant que Premier ministre, après avoir pris ses fonctions en décembre dernier.

Le chef du gouvernement envisage de supprimer deux jours fériés à partir de 2026, une décision qui a suscité des critiques. Dans une lettre envoyée aux partenaires sociaux le 8 août, Bayrou a encouragé les négociations autour de cette mesure, confirmant les informations du quotidien économique Echos.

Dans un contexte de finances publiques dégradées, le Premier ministre estime que cette mesure pourrait générer « 4,2 milliards d’euros dès 2026 pour le budget de l’État ». Cela représenterait environ 10 % des 43,8 milliards d’euros d’économies qu’il souhaite réaliser dans le cadre du budget 2026.

Concrètement, les nouveaux horaires de travail ne seront pas rémunérés en heures supplémentaires, ce qui signifie que les employés resteront payés normalement. Bayrou a précisé que « les entreprises, en contrepartie de ce surcroît d’activité, devront verser une contribution à l’État », soulignant ainsi le caractère redistributif de la mesure.

Le gouvernement n’a pas encore déterminé le montant exact de cette contribution. Pour une journée de solidarité, les entreprises doivent déjà verser 0,3 % de leur masse salariale brute annuelle à la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA), représentant 2,5 milliards d’euros en 2025. Si la contribution devait être similaire, cela signifierait aussi une pression significative sur les entreprises.

Cependant, les syndicats ont vivement critiqué cette initiative, la qualifiant de manœuvre qui bénéficierait principalement aux entreprises, tout en imposant un fardeau supplémentaire aux employés. François Hommeril, président de la CFE-CGC, a souligné que « deux jours de travail supplémentaires équivalent à 1 % de la masse salariale, soit 8 milliards d’euros ». Il a également averti que cette réforme risquait de diminuer le pouvoir d’achat des salariés.

D’un autre côté, le gouvernement espère non seulement assainir ses finances mais aussi stimuler la croissance. La ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, a estimé que « deux jours sur 365 représentent environ 0,5 % d’activité supplémentaire ». Pour appuyer ses propos, l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) a signalé qu’en 2024, une hausse de 0,10 point du PIB avait été observée grâce à des jours ouvrés supplémentaires.

Néanmoins, certains acteurs du secteur économique mettent en doute cette analyse. Michel Picon, de l’Union des entreprises de proximité (U2P), a fait remarquer que la suppression de ces jours fériés pourrait nuire à la rentabilité de nombreuses entreprises, particulièrement dans le secteur du tourisme. Cyril Chabanier, président de la CFTC, a également fait valoir que le lundi de Pâques est l’un des jours de consommation les plus importants et pourrait entraîner des pertes fiscales notables en termes de TVA.

La réaction des syndicats face à cette proposition reste à surveiller, car la discussion officielle en septembre apparaît peu probable, selon Hommeril, qui a qualifié la réforme d’« arnaque absolue ».

« Il n’est pas question d’aller négocier les voies et les moyens par lesquels on va se faire voler. »

François Hommeril, président de la CFE-CGC

sur franceinfo

Le Premier ministre a insisté sur le fait que le nombre de jours fériés concernés ne devait pas être sujet à négociation, tout en ouvrant une possibilité de discuter d’autres aspects de la réforme. Alors que la rentrée s’annonce tendue, la position du gouvernement semble résolue malgré l’opposition croissante des syndicats.

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