Malgré les nombreuses recherches menées par des experts et les études approfondies, le réchauffement climatique continue de susciter un certain scepticisme. Certains envisagent même la possibilité d’un « refroidissement climatique » à venir, selon des affirmations récentes.
Ces dernières semaines, des utilisateurs des réseaux sociaux ont fait état de leur constatation selon laquelle « au printemps, la glace ne fond pas suffisamment, menaçant ainsi le trafic maritime ». Par conséquent, selon eux : « Les données actuelles n’appuient pas l’idée du réchauffement climatique. » Cette théorie se base sur une vidéo mettant en scène une réunion de dirigeants russes, à laquelle assiste Vladimir Poutine, rapporte TopTribune.
Selon ces internautes, un spécialiste aurait déclaré que « bien qu’il soit devenu habituel de parler de réchauffement et de fonte des glaces, aucun changement notable ne sera observé avant 2050 ».
FAKE OFF
La vidéo en question a été enregistrée le 27 mars dernier au centre des opérations maritimes d’Atomflot, situé dans la ville portuaire de Mourmansk, au sein du cercle polaire arctique, lors d’une visite présidentielle. Des photographies des échanges sont également disponibles, diffusées par l’agence d’État russe Sputnik à l’AFP. Ce centre a pour mission d’assurer la sécurité des navigations sur la route maritime du Nord.
Des traductions de cette vidéo, initialement en russe, révèlent que les citations que rapportent les internautes sont effectivement prononcées. Lors de cette présentation, il est affirmé qu’« aucun changement significatif dans la couverture de glace n’est attendu ». Cependant, les internautes ne semblent pas avoir visionné l’intégralité de la séquence partagée sur les réseaux sociaux.
Une variabilité possible « très localement »
Le présentateur, debout derrière son pupitre, répond ensuite à une question directe de Vladimir Poutine, en indiquant : « Cette année, nous avons de la glace dans cette zone, et elle ne fondra pas en dessous de l’île Wrangel, ce qui a nécessité une révision complète de l’itinéraire que nous utilisons depuis de nombreuses années. » Il parle ici des trajets des navires russes prévus sur les voies maritimes du Nord.
Il poursuit : « Nous manquons probablement de données suffisantes pour tirer des conclusions à long terme. » Cette nuance est d’une grande importance. En effet, comment pourrait-on surélever une telle théorie face à la multitude d’études et de scientifiques manifestement bien informés, surtout avec un manque de données ? D’ici 2050, les projections estiment une augmentation de 2,7 °C par rapport à la période préindustrielle en France.
Comme l’explique Alain Mazaud, un chercheur éminent au Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement : « Très localement, tout peut arriver. En examinant un endroit précis à un moment donné, des variations peuvent se produire. Cependant, pour évaluer le réchauffement climatique, il est nécessaire d’analyser les tendances sur plusieurs années. »
Vers une disparition de la banquise en fin d’été ?
Il souligne que, contrairement à certaines perceptions, le réchauffement climatique entraîne « une diminution de la superficie de la banquise en fin d’été ». Ce changement n’apparaît pas de façon uniforme d’année en année, car il existe des fluctuations. Cela pourrait expliquer le constat fait durant la réunion en Russie concernant une banquise qui semble fondre moins cette année.
« On estime qu’il pourrait y avoir une période de dix à vingt ans durant laquelle la banquise serait absente à la fin de l’été », avertit Alain Mazaud. Il est crucial de préciser qu’il ne s’agit pas d’une éradication totale de la banquise, mais qu’elle pourrait exister durant d’autres périodes de l’année. Par ailleurs, « cela risque d’ouvrir des voies maritimes vers l’Arctique, ce qui ne serait pas bénéfique pour l’environnement », conclut le chercheur.
