Près de 400 chefs cuisiniers ont publié une tribune dans Le Monde demandant le retrait de la loi Duplomb, qui favorise une agriculture intensive néfaste pour l’environnement. L’initiative fait suite à une publication du chef trois étoiles Jacques Marcon sur Instagram, critiquant le sénateur Laurent Duplomb, rapporteur de la loi, pour son soutien aux intérêts de l’industrie agroalimentaire, rapporte TopTribune.
La loi Duplomb prévoit la réintroduction exceptionnelle de l’acétamipride, un pesticide interdit en France, alors qu’une pétition contre son usage a déjà recueilli plus de 1,8 million de signatures. Le message de Marcon a été largement relayé par des restaurateurs sur les réseaux sociaux, indiquant une forte hostilité parmi les professionnels de la cuisine.
Parmi les opposants notables figure Glenn Viel, chef trois étoiles et juré de « Top Chef ». Il a exprimé son incompréhension face à cette loi, dénonçant les conséquences néfastes des pesticides sur la santé et l’environnement. Il a également interrogé si l’État pourrait investir dans l’agriculture pour soutenir des pratiques plus durables.
Investir dans l’agriculture
Marie-Victorine Manoa, jeunefemme chef et chroniqueuse, a qualifié cette loi de « coup de massue », affirmant que cuisiner avec des produits traités est inacceptable. Elle appelle à une « rébellion générale » pour défendre la qualité des produits culinaires.
Suite à cette prise de position, une tribune a été publiée pour rassembler les mécontents du secteur, lancée par l’entreprise Ecotable. Celle-ci regroupe des chefs étoilés, des petits restaurateurs et des collectifs de paysans, tous unis dans la revendication d’une alimentation de qualité sans produits chimiques nuisibles.
« Nous faisons ce métier pour nourrir, pas pour empoisonner »
Intitulée « Nous faisons ce métier pour nourrir, pas pour empoisonner », cette tribune fait part de l’inquiétude des chefs sur la qualité des produits qu’ils servent. Elle demande le retrait de la loi Duplomb tout en reconnaissant les défis que rencontrent quotidiennement les producteurs français, tiraillés entre rentabilité et demandes croissantes pour une agriculture plus respectueuse.
Malgré cette inquiétude, la mobilisation reste encore timide dans un secteur généralement peu enclin à la contestation. Fanny Giansetto, fondatrice d’Ecotable, note que les chefs prennent rarement la parole publique, mais que la qualité de l’alimentation est une préoccupation constante pour eux. Glenn Viel a ajouté qu’il était temps pour les restaurateurs de faire entendre leur voix.
Aider les agriculteurs
Jacques Marcon, tout en s’auto-critiquant pour sa responsabilité vis-à-vis de cette loi, se déclare prêt à devenir un militant actif pour la cause agricole et environnementale. Il exhorte ses collègues à se remettre en question et à soutenir les agriculteurs.
Marcon condamne certaines pratiques comme la pression exercée sur les prix par certains chefs ou l’abandon de races locales au profit de volailles exotiques. Néanmoins, il observe que la nouvelle génération de chefs est plus motivée pour effectuer un changement dans le monde culinaire et agricole.
