La lutte pour la domination culinaire sous le fascisme italien
Chaque 25 juillet en Italie, la fin de la dictature mussolinienne est célébrée autour d’une assiette de pâtes au beurre et au parmesan. Cette tradition, initiée en 1943 par la famille Cervi, résistante située dans la région d’Émilie-Romagne, persiste malgré l’opposition de l’extrême droite. La pastasciutta antifascista, symbolisant la résistance, rappelle que les pâtes restent profondément ancrées dans l’identité italienne, rapporte TopTribune.
Le régime de Benito Mussolini a malmené la gastronomie italienne, classifiant les pâtes comme un symbole d’abandon. En 1930, Tommaso Marinetti, un fervent partisan du fascisme, décriait les pâtes comme une entrave à la vitalité nationale, remettant en question leur place au sein de la culture alimentaire italienne. Cela a mené à un manifeste qui prônait des plats énergétiques et futuristes, reléguant les pâtes au second plan.
En réponse, Mussolini a lancé une campagne visant à promouvoir le riz plutôt que les pâtes, soutenant la culture rizicole dans le pays. Il a inauguré une fête nationale du riz en 1928, donc les enfants et les femmes étaient incités à consommer du riz au lieu de pâtes, avec des slogans tels que «Il riso è salute», pour affirmer que cette céréale est synonyme de santé.
Le riz contre les pâtes : un combat économique
La détermination de Mussolini à faire du riz l’élément central de l’alimentation italienne était principalement motivée par des préoccupations économiques. Les pâtes nécessitaient des importations de blé dur, rendant l’Italie dépendante de l’étranger, alors que le riz pouvait être cultivé sur le sol italien. Cela a abouti à une politique visant à assurer l’autosuffisance alimentaire du pays. Ceci s’est concrétisé par l’obligation de consommation de riz dans les écoles, les hôpitaux et l’armée.
Malgré ces efforts, la plupart des Italiens ont continué à consommer des pâtes, resistants face à cette imposition. Dans le sud de l’Italie, pour beaucoup, le riz était considéré comme une nourriture pour chiens, tandis que la tradition des pâtes était préservée malgré les défis économiques. La cuisine populaire a continué à privilégier les plats de pâtes, souvent préparés de manière simple avec peu d’ingrédients.
Résilience des pâtes face à la dictature
La croisade de Mussolini pour remplacer les pâtes par le riz a échoué, car les Italiens ont continué à privilégier leurs traditions culinaires. Même sous la pression économique durant les années de guerre, les pâtes demeuraient un aliment de base, bien que la ration calorique ait baissé drastiquement pendant cette période, plongeant la population dans la précarité alimentaire.
Aujourd’hui, les Italiens consomment en moyenne 23,5 kilos de pâtes par an, ce qui équivaut à trois fois plus que leur consommation de riz. Ce phénomène soulève une question intrigante : l’appétit pour les pâtes en Italie aurait-il été aussi fort si Mussolini n’avait pas tenté de détruire cette tradition? La réponse semble résider dans la persistance des identités culturelles face à l’oppression.