Pourquoi les abondantes pluies du printemps ne sont pas synonymes d'un été calme dans la lutte contre les incendies
Pourquoi les abondantes pluies du printemps ne sont pas synonymes d'un été calme dans la lutte contre les incendies

Pourquoi les abondantes pluies du printemps ne sont pas synonymes d’un été calme dans la lutte contre les incendies

19.06.2024
4 min de lecture

Les autorités se préparent à affronter les feux de forêt et de végétation estivaux, alors qu’environ 600 hectares ont déjà brûlé dans le Var en fin de semaine.

La saison des incendies a commencé en France. La préfecture du Var a annoncé, mercredi 12 juin, qu’un feu qui avait brûlé 600 hectares depuis la veille dans le secteur de Vidauban avait été « fixé », c’est-à-dire contenu, mais pas maîtrisé. Les flammes n’ont pas fait de victime, mais une petite centaine de personnes habitant les hameaux à proximité ont été temporairement évacuées. Lundi 17 juin, l’ensemble du département était placé en risque « modéré » par les autorités départementales.

La puissance avec laquelle le feu de Vidauban s’est propagé « a surpris tout le monde », a souligné sur franceinfo le lieutenant-colonel Michel Persoglio. Ce responsable a assuré que des agents de l’Office national des forêts allaient effectuer « des prélèvements de végétation pour les analyser », car ceux-ci « ne comprennent pas » comment les flammes ont pu s’étendre si rapidement, alors que des pluies avaient récemment touché le Var.

Une végétation bien hydratée est plutôt immunisée

L’Hexagone n’a effectivement pas manqué de précipitations ces derniers mois. Le printemps 2024 a ainsi été le quatrième plus pluvieux depuis le début des relevés (sur mars, avril et mai), a annoncé Météo-France en faisant le bilan de la saison. Il s’agit même du printemps le plus arrosé depuis 2008. Pourtant, ces précipitations importantes ne sont pas synonymes d’immunité contre de violents incendies cet été.

« Il est difficile de se fonder sur des pluies de l’hiver ou du printemps pour se dire qu’on est à l’abri pour l’été. Ce n’est hélas pas comme ça que cela fonctionne. »Météo-France

lors d’un point presse

Dans l’immédiat, la pluie a permis d’obtenir une végétation « bien hydratée », normalement plutôt bien immunisée face à d’éventuels départs de feu. « Sur presque tout le territoire français, nous avons une végétation qui a de l’eau, qui n’est pas sèche. Si un feu se déclare, [cette végétation] ne va pas s’embraser » rapidement, explique à franceinfo Serge Zaka, climatologue spécialiste de l’agriculture.

Le pourtour méditerranéen sous haute surveillance

Combien de temps va durer l’effet protecteur engendré par les précipitations printanières ? « Même s’il s’arrêtait de pleuvoir aujourd’hui pendant un mois, nous n’aurions pas de problème », anticipe Serge Zaka, qui lance néanmoins une mise en garde pour l’ensemble des régions méditerranéennes. Selon lui, l’hydratation dans ces zones n’est « pas suffisante pour passer l’été » à l’abri des feux de forêt. « Imaginons qu’il s’arrête de pleuvoir pendant deux semaines et qu’une canicule survienne ensuite : le risque de feu de forêt repartirait à la hausse », prévient l’expert.

« Tout va dépendre des conditions météo dans les mois à venir », poursuit le climatologue, rappelant que Météo-France anticipe un été 2024 plus chaud que la normale. Dans le Var, les autorités sont sur le qui-vive. « La tendance à trois mois [juin à août] privilégie plutôt des perspectives plus chaudes et plus sèches que la normale pour cet été, a écrit la préfecture du département fin mai. La situation de sécheresse reste donc à surveiller si aucun épisode pluvieux ne concerne le département dans les prochaines semaines. »

Pour cet été, l’impératif est ainsi à la vigilance dans l’Hexagone, car tout dépendra de la météo pour laquelle des prévisions robustes ne peuvent pas dépasser une dizaine de jours. Sans compter qu’en raison du réchauffement climatique, lié aux activités humaines, la saison propice aux incendies s’allonge en même temps que l’été s’étend, grignotant le printemps et rabotant l’automne.

Être « très réactif » pour calculer les risques

La sécheresse reste le principal facteur de risque, car « le risque de départ de feu est encore plus important, rappelle l’Office national des forêts. Lorsque la végétation est asséchée par manque de pluie, un départ de feu devient possible et peut se propager rapidement. »

Tout dépend de différents éléments comme la chaleur, l’humidité ou la force du vent. C’est pourquoi le calcul du niveau de risque d’incendies, qui accompagne la météo des forêts concoctée par Météo-France, est « quelque chose de très réactif », affirme le prévisionniste. Seules deux cartes par jour sont ainsi réalisées : l’une concerne le lendemain, l’autre le surlendemain.

Les pluies printanières ont permis le développement d’« une végétation plus importante et plus abondante que d’habitude », se félicite Météo-France, qui met toutefois en garde contre un potentiel renforcement du risque d’incendies. Cela entraîne « des problématiques de feux de broussailles » possiblement accrus et renforcés en cas de sécheresse.

Davantage de « matière à brûler »

Davantage de végétation, c’est en effet davantage de « matière à brûler », surtout « lorsqu’une sécheresse arrive et que la parcelle n’est pas entretenue pour les feux de forêt », résume Serge Zaka, qui pointe les risques dans les sous-bois et les nombreuses zones qui devraient être entretenues par l’homme, mais ne le sont pas forcément.

Partout en France, de la Somme à la Haute-Savoie, en passant par la Gironde et la Dordogne, les autorités appellent les habitants à débroussailler les terrains pour se protéger des incendies. Elles soulignent l’efficacité de cette mesure, qui limite la propagation des incendies, diminue leur puissance et facilite l’intervention des pompiers. Il n’est pas trop tard pour le faire.

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