À cause d’une loi restrictive dans cet État conservateur, un référendum sur le droit à l’avortement n’a pas été organisé en même temps que l’élection présidentielle, contrairement à dix autres États.
Après la victoire sans ambiguïté de Donald Trump, beaucoup d’Américaines s’inquiètent de leur droit à l’avortement. Plus de deux ans après l’annulation par la Cour suprême de la protection fédérale de ce droit, huit États ont voté par référendum pour élargir l’accès à l’avortement. Deux autres, la Floride et le Nebraska, ont choisi de le restreindre. Ces référendums étaient organisés mardi 5 novembre, en même temps que l’élection présidentielle, suite à des pétitions de citoyens désireux d’assurer les droits reproductifs. Mais en Géorgie, un État très conservateur, la loi n’a pas permis ce référendum et la situation des femmes enceintes est critique.
Au lendemain de l’élection de Donald Trump, dans le centre de la ville démocrate d’Atlanta, beaucoup de femmes sont un peu sonnées. « En fait, on a peur. On a peur parce qu’il risque de prendre les droits des femmes, dit l’une d’entre elles. Ça, c’est affreux ».
Mais ce n’est pas le cas de toutes les femmes, comme Reven, une jeune femme noire, trumpiste déclarée et ravie. « Moi, je suis contre l’avortement parce que c’est un meurtre, dit-elle. Ça doit se faire au cas par cas. Mais s’il y a eu viol ou si la mère risque vraiment de mourir, on peut l’autoriser. Mais ça ne doit pas être utilisé comme une forme de contraception. »
« Des femmes meurent à cause de leur grossesse »
Depuis l’annulation de la protection fédérale en 2022, la Géorgie a pourtant des lois très restrictives sur l’avortement : il n’est autorisé que durant les six premières semaines de la grossesse et, après, seulement si le cœur du fœtus ne bat plus ou si la mère court un grave danger. Une autre loi, passée par l’État républicain, est dénoncée par la sénatrice démocrate, Helena Parents.
« Les médecins ici peuvent être poursuivis pour crime s’ils pratiquent un avortement, ils ont peur. La Géorgie a un triste record de nombre de femmes qui meurent à cause de leur grossesse », déplore l’élue. Officiellement, deux femmes enceintes sont mortes depuis deux ans à cause d’un retard de soins dans cet État qui compte 11 millions d’habitants.
« Perdre un bébé, c’est une expérience triste et douloureuse. Mais ces lois édictées par notre ex-futur président ont rendu tout ça encore plus affreux. »Every Davies-Bell, qui a failli succomber des suites d’une fausse couche
à franceinfo
Every Davies-Bell, une chercheuse en génétique de 34 ans et déjà mère d’un jeune enfant, était enceinte de 18 semaines quand elle a fait une fausse couche. Le bébé qu’elle attendait n’était plus viable et il aurait fallu qu’elle subisse une intervention d’urgence. « Mes médecins ont dû attendre que ma vie soit en danger et que ce soit sans équivoque, souligne-t-elle. Et si je ne suis pas morte, c’est parce qu’ils ont été excellents. Mais ils doivent jongler avec des obstacles qui n’ont rien à voir avec la médecine, ou le fait de sauver des vies, et qui ont trait à la loi. »
À cela s’ajoutent les complications possibles de ces délais d’intervention qui peuvent aller jusqu’à la stérilité. Le gouvernement conservateur de Géorgie voudrait maintenant aller plus loin, en interdisant la pilule du lendemain.