Une réunion de travail des dirigeants européens s’ouvre lundi à Paris sur l’Ukraine et la sécurité. Mais après les dernières déclarations de l’administration américaine, les Ukrainiens ont du mal à rester optimistes.
L’Europe trouvera-t-elle sa place à la table des négociations sur un processus de paix en Ukraine ? Après la conférence de Munich et les déclarations peu rassurantes en ce sens des Etats-Unis, Paris réunit, lundi 17 février, les dirigeants européens pour une réunion de travail sur la sécurité et la situation en Ukraine. Mais les Ukrainiens ont bien du mal à garder confiance en leurs alliés.
Dans le sud-est du pays, à Zaporijjia, Oleksandr reste sonné par la diplomatie de ces derniers jours et ce contact entre Washington et Moscou : « Je suis déçu que Trump ait d’abord voulu parler avec Poutine, en mettant l’Ukraine de côté. Il aurait dû commencer par appeler Zelensky. Cela nous fait un peu peur, on a l’impression qu’on nous abandonne. Nous ne pouvons faire confiance qu’à notre armée. »
« Trump veut jouer à celui qui résoudra tout, tout seul »
Si Oleksandr remercie l’Europe pour son aide jusqu’ici, il estime qu’elle doit « faire bien plus, vu le contexte ». Serhei, un autre habitant, confirme ce point de vue et voit même l’attitude américaine comme une trahison. Cet Ukrainien est réfugié à Zaporijjia depuis que son village est occupé par les Russes : « Nous avions de grands espoirs avec Trump, avec les États-Unis. Nos vieux amis russes nous ont déjà donné un coup de poignard dans le dos. Je ne veux pas que les Américains fassent la même chose. » Serhei s’inquiète désormais de ne jamais pouvoir rentrer chez lui et pense à ses proches, restés de l’autre côté de la ligne de front.
Mais Semen, lui, relativise : « Trump veut jouer à celui qui résoudra tout, tout seul, sauf que cela fait déjà un mois qu’il est en poste et qu’a-t-il fait réellement ? Rien. Il a juste dit beaucoup de conneries et fait beaucoup de promesses, pour ainsi dire. C’est tout ! » Semen pense que les mots du vice-président américain JD Vance à Munich, le week-end dernier, ont été un électrochoc pour les Européens et que l’Europe ne lâchera pas l’Ukraine.
Mais pour Daria, Kiev est bien seule géopolitiquement. « Bien sûr, nous avons des partenaires, des alliés. Mais ils se soucient avant tout de leurs propres intérêts, c’est clair. Ils ne se battront pas pour nous, et n’enverront personne pour défendre notre cause à notre place », juge-t-elle. Une énième réunion aujourd’hui à Paris ? « Il y en a eu tellement depuis 2022 », soupire Daria, qui ne se fait plus d’illusions.