Le réalisateur américain Robert Eggers s’attaque à un chef-d’œuvre du cinéma avec une distribution remarquable et remporte la mise.
Après Nosferatu fantôme de la nuit (1979) de Werner Herzog, Robert Eggers (The Witch, 2015) réussit comme son prédécesseur à revivifier un des plus grands films du cinéma muet. Adaptation officieuse de Dracula de Bram Stoker en 1922, Nosferatu de Friedrich Wilhelm Murnau, fascine depuis les années 20 toutes les générations.
Pour preuve cette nouvelle mouture avec Lily-Rose Depp, Bill Skarsgård et Willem Dafoe, à la fois respectueuse de l’original et novatrice à plus d’un titre, sur les écrans mercredi 25 décembre : joyeux Noël dans les Carpates.
Rencontre avec un vampire
En 1838, avoué immobilier en Allemagne, Thomas Hutter (Nicholas Hoult) est envoyé en Transylvanie pour finaliser l’acte de vente d’une propriété, voisine de sa maison où il vit avec son épouse Ellen (Lily-Rose Depp), à Wisborg (ville fictive). Après un voyage parsemé d’embûches et d’avertissements à ne pas se rendre chez son hôte, il est reçu par le comte Orlok (Bill Skarsgård) qui s’avère être un vampire. Ce dernier enferme Thomas dans son château, alors qu’il rejoint l’Allemagne. Ellen, depuis des semaines sous l’emprise télépathique du vampire, devient sa victime, alors que Thomas, étant parvenu à s’échapper de Roumanie, et de retour à Wisborg, réunit une congrégation de chasseurs de vampires pour venir à bout du monstre assoiffé de sang.
Robert Eggers suit pratiquement à la lettre toutes les étapes du film de Murnau, calqué sur le Dracula de Stoker. Cette nouvelle mouture frappe par son réalisme. Tourné dans les studios praguois de Barrandov en République tchèque, dans des paysages du cru, avec Jarin Blaschke comme directeur de la photographie, cette prégnance d’Europe de l’Est donne un effet de réel qui traverse tout le film. Au style expressionniste de Murnau et à l’onirisme du remake de Herzog succède une incarnation nouvelle du vampire. De diaphane, comme sorti d’un camp de la mort nazi et toujours vêtu d’une redingote dans son apparition originale, il est souvent montré nu ou demi nu chez Eggers, et très musclé : selon les légendes, le vampire aurait la force de trente hommes.
Un vampire très charnel
Robert Eggers réalise une version très originale en se démarquant de ses prédécesseurs, tout en respectant les codes des films de vampires. Résolument gothique dans son sujet et ses images, il transcende le style, par la frontalité charnelle et provocatrice du comte Orlok. Herzog se trompait en sous-titrant son Nosferatu, « fantôme de la nuit ». Le vampire n’est pas un spectre, mais une créature de chair sortie de la tombe, et qui se nourrit de sang pour garder sa consistance physique.
Le réalisateur américain a totalement assimilé cette différence en multipliant les représentations très charnelles du vampire, son film étant par ailleurs ponctué de nombreuses scènes gores. L’environnement géographique, paysagé, puis urbain, du film, les centaines de rats qui envahissent les rues de Wisborg, propageant la peste, la « vampirisation » d’Emma (Anna Harding), l’ami d’Ellen, première victime d’Orlok, relèvent d’un rendu presque historique. Robert Eggers n’en néglige pas pour autant le romantisme noir de son récit, interprété par des acteurs et actrices très impliqués au service d’un grand film.
La fiche
Genre : Fantastique / Horreur
Réalisateur : Robert Eggers
Acteurs : Lily-Rose Depp, Bill Skarsgård, Willem Dafoe, Nicholas Hoult, Emma Corrin, Aaron Taylor-Johnson, Simon McBurney, Ralph Ineson
Pays : Etats-Unis
Durée : 2h13
Sortie : 25 décembre 2024
Distributeur : Universal Pictures International France
Interdit – 12 ans avec avertissement
Synopsis : Nosferatu est une fable gothique, l’histoire d’une obsession entre une jeune femme tourmentée et le terrifiant vampire qui s’en est épris, avec toute l’horreur qu’elle va répandre dans son sillage.
