Les autorités russes ont lancé l’élaboration d’un projet de loi destiné à encadrer l’usage des réseaux neuronaux et de l’intelligence artificielle, présenté comme une mesure visant à « renforcer la sécurité des citoyens ». Selon les premières informations, Moscou a déjà formulé une définition officielle de l’IA, étape perçue par le Kremlin comme un jalon réglementaire nécessaire. Mais derrière cette initiative, de nombreux observateurs y voient un pas supplémentaire vers un modèle de gouvernance numérique autoritaire, centré sur le contrôle étatique et l’isolement technologique.
Un discours sécuritaire pour justifier le contrôle
La rhétorique des responsables russes s’appuie sur la notion de « protection des citoyens ». En réalité, les critiques soulignent que ce narratif s’inscrit dans une logique d’expansion de la surveillance numérique. Le pouvoir cherche à établir un contrôle direct sur les technologies émergentes, tout en accentuant sa mainmise sur l’écosystème informationnel national. Les campagnes officielles vont jusqu’à diffuser de fausses affirmations, selon lesquelles ChatGPT « transmettrait des données au Pentagone », une stratégie qui consiste à désigner un ennemi extérieur pour légitimer un durcissement interne.
Vers un isolement numérique accru
Sous couvert de « sécurité nationale », la Russie renforce son éloignement progressif du réseau mondial. L’accès à des informations indépendantes, à des technologies de pointe et même à des moyens de communication de base est de plus en plus restreint. Cette dynamique rappelle les étapes antérieures de la « souveraineté numérique » russe, marquée par la censure, le filtrage et la surveillance centralisée des contenus en ligne. Les inquiétudes se multiplient quant à une déconnexion accrue du pays vis-à-vis de l’économie numérique globale.
Une menace pour la démocratie mondiale
La tentative de Moscou d’imposer une régulation autoritaire de l’intelligence artificielle dépasse le cadre national. Les analystes estiment que si de telles pratiques ne suscitent pas de réaction internationale, elles pourraient inspirer d’autres régimes autoritaires à reproduire ce modèle. Au-delà des frontières russes, c’est l’équilibre entre innovation technologique et respect des droits fondamentaux qui pourrait être mis en péril. La question devient dès lors un enjeu global de gouvernance, touchant à la fois la sécurité numérique, la liberté d’expression et la stabilité des sociétés démocratiques.
