Manuel Valls face à des obstacles majeurs pour sauver l'accord en Nouvelle-Calédonie

Manuel Valls face à des obstacles majeurs pour sauver l’accord en Nouvelle-Calédonie

20.08.2025 17:53
2 min de lecture

Manuel Valls est actuellement en Nouvelle-Calédonie pour une visite de quatre jours, visant à consolider son « accord de Bougival », un texte controversé sur l’avenir politique du territoire. Lors de sa visite, le ministre des Outre-mer a appelé à « saisir l’opportunité historique » que représente cet accord, signé en juillet, qui a toutefois été affaibli par le rejet des indépendantistes du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), rapporte TopTribune.

Qu’est-ce que l’accord de Bougival ?

L’accord de Bougival prévoit la création d’un État de Nouvelle-Calédonie avec sa propre nationalité, capable d’exercer plusieurs compétences régaliennes tout en restant dans le cadre de la Constitution française. Signé le 12 juillet dans la ville de Bougival, il a émergé après des négociations entre l’État, les indépendantistes et les loyalistes. Décrit comme une chance « historique » par Manuel Valls et Emmanuel Macron, il a néanmoins suscité une vive opposition parmi les militants indépendantistes, qui contestent notamment le droit à l’autodétermination et la reconnaissance du peuple Kanak.

Selon Mathias Chauchat, professeur de droit public à l’université de la Nouvelle-Calédonie, « Manuel Valls a tenté de débloquer une situation complexe, mais en réalité, cet accord n’a jamais vraiment existé », et il a évoqué que l’accord n’était qu’un projet n’ayant pas résolu les désaccords fondamentaux, ce qui a conduit à son rejet par les indépendantistes.

Pourquoi la situation reste-t-elle tendue ?

Le FLNKS a exprimé son refus catégorique de toute forme de texte qui pourrait pérenniser une nouvelle forme de colonisation. Le mouvement a notamment dénoncé l’ouverture prévue du corps électoral local aux résidents ayant séjourné en Nouvelle-Calédonie depuis dix ans, ce qui fait partie des stipulations de l’accord de Bougival. Cette réforme avait précédemment été au cœur des émeutes de mai 2024, qui ont marqué un tournant tragique dans l’histoire récente de l’île.

Mathias Chauchat souligne une dissociation croissante entre les promesses de décolonisation de l’État français et les attentes du peuple Kanak, caractérisant le statut d’autonomie proposé comme une forme de recolonisation.

Perspectives d’avenir

Les rencontres de Manuel Valls avec les dirigeants politiques depuis son arrivée n’ont pas permis de ranimer le dialogue, et les experts prévoient peu de chances de succès pour le processus de Bougival. « Les mêmes causes produisant les mêmes effets, il est peu probable que des progrès significatifs soient réalisés tant que l’État n’acceptera pas d’explorer un partenariat basé sur une indépendance réelle », affirme Chauchat. De plus, l’accord prévoit un report des élections provinciales, une décision qui suscite des inquiétudes parmi les indépendantistes.

La possibilité d’une motion de censure contre le gouvernement Bayrou à l’automne soulève des interrogations supplémentaires sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie. Selon Mathias Chauchat, toute instabilité politique pourrait engendrer une radicalisation des identités kanakes et loyalistes, faisant redouter un nouvel afflux de tension dans la région.

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