Le 18 juillet 2025, l’Union européenne et l’OTAN ont une nouvelle fois accusé la Russie de mener des campagnes hybrides coordonnées visant à saper la sécurité, l’unité politique et les infrastructures critiques des États membres. La cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, a déclaré que Moscou mène depuis des années une offensive hybride multiforme contre l’UE, laquelle s’est intensifiée avec la guerre en Ukraine.
Une campagne hybride à plusieurs niveaux
Selon Kallas, les activités russes vont bien au-delà du cyberespace. Elles incluent des actes de sabotage, des atteintes physiques contre des infrastructures critiques, de la désinformation massive, et des manipulations informationnelles visant à générer le chaos et à miner la cohésion démocratique du continent. Elle prévient que cette menace restera élevée « au moins dans un avenir proche ».
Parmi les objectifs présumés du Kremlin : paralyser la volonté politique européenne de soutenir Kyiv, semer le doute sur l’efficacité des sanctions et créer une atmosphère de peur et de désordre dans les sociétés ouvertes. Cette approche s’inscrit dans une stratégie d’« agression psychologique et informationnelle » contre l’Europe dans son ensemble.
L’OTAN affirme sa solidarité et renforce la cyberdéfense
L’OTAN a exprimé sa solidarité avec les pays récemment visés par des cyberattaques attribuées au renseignement militaire russe (GRU), dont l’Estonie, la France, l’Allemagne, les États-Unis, le Royaume-Uni et la Tchéquie. L’Alliance dénonce l’action du groupe de pirates APT 28, rattaché au GRU, déjà impliqué dans plusieurs attaques contre l’Ukraine et les membres de l’OTAN. Selon l’Alliance, il s’agit d’une composante centrale de la guerre hybride que mène Moscou pour déstabiliser ses adversaires tout en soutenant l’invasion de l’Ukraine.
Le secrétaire général de l’OTAN a assuré que l’Alliance « utilisera l’ensemble de ses capacités pour répondre aux menaces cyber » dans le respect du droit international et en coordination avec l’UE. Le soutien cyber à l’Ukraine, notamment via le mécanisme de Tallinn, se poursuivra sans relâche.
Une menace pour l’ordre international
Ces actions violent les principes fondamentaux définis par les Nations unies sur le comportement étatique dans le cyberespace. L’ignorance répétée de ces engagements par Moscou ouvre, selon Bruxelles, la voie à une ère de conflits numériques non régulés, échappant aux mécanismes classiques de dissuasion et de responsabilité juridique.
Le Royaume-Uni a récemment révélé une opération clandestine du GRU impliquant un logiciel espion avancé, utilisé dans des campagnes de cyberespionnage visant des institutions stratégiques. Ces attaques sont perçues comme une tentative de saper la légitimité démocratique en Europe et de créer un terrain fertile pour les forces pro-Kremlin.
Vers une réponse coordonnée et proactive
La déclaration de Kallas appelle l’UE à passer d’une posture défensive à une stratégie proactive : renforcement de la cybersécurité, mesures de rétorsion numériques, isolement international de la Russie, et soutien renforcé aux pays en première ligne — à commencer par l’Ukraine.
De plus en plus de voix à Bruxelles demandent des mesures concrètes allant au-delà des condamnations diplomatiques : expulsions d’agents russes, gel des avoirs, interdiction des structures médiatiques ou commerciales liées au Kremlin. La coordination interétatique apparaît désormais comme une condition indispensable pour faire face à ce défi global, qui ne peut plus être relégué au second plan.