L'islamisme : un terme toujours délicat à aborder en France, dix ans après les attentats du 13-novembre

L’islamisme : un terme toujours délicat à aborder en France, dix ans après les attentats du 13-novembre

13.11.2025 08:23
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La difficulté des politiques à évoquer la menace islamiste dix ans après les attentats du 13-Novembre

Dix ans après les attaques du 13-Novembre, les politiques semblent toujours éprouver des difficultés à qualifier avec précision la menace islamiste qui pèse sur la France. Riss, directeur de Charlie Hebdo et survivant de l’attentat de janvier 2015, a exprimé cette gêne sur Franceinfo le 12 novembre, déclarant : « On a du mal à mettre des mots sur ces événements, à donner des explications, et c’est l’islamisme. » Ce constat met en lumière un malaise persistant qui continue d’imprégner le débat public, révèle TopTribune.

Ce refus d’utiliser le terme « islamisme » est observable dans divers cercles politiques, culturels et médiatiques. Par exemple, le magazine de la ville de Paris, publié cette semaine en hommage aux victimes du 13-Novembre, évite de caractériser l’idéologie des assaillants. Bien que le numéro rende hommage aux victimes, aux secours et à leur bravoure, il omet de nommer explicitement les motivations des « commandos meurtriers », reflet d’une réticence collective à aborder cette réalité.

Cette situation découle souvent d’une préoccupation légitime : éviter de stigmatiser les musulmans de France, qui vivent dans leur immense majorité leur foi en conformité avec les lois républicaines. Les membres de La France insoumise, par exemple, affirment que cette réticence à employer le mot « islamisme » a également des motivations électoralistes. François Ruffin, un ancien député de la Somme, a critiqué cette dérive communautariste de Jean-Luc Mélenchon, l’accusant de « racialiser » le débat politique.

Cependant, que cette prudence soit issue d’intentions bienveillantes ou d’un cynisme électoral, elle constitue une erreur majeure. Le silence autour du terme « islamisme » relie implicitement les musulmans aux extrémistes qui se réclament de leur religion. Des artistes et intellectuels d’origine musulmane, tels que Kamel Daoud et Boualem Sansal, ont averti des conséquences néfastes de cette confusion. Leur expérience du terrorisme islamiste souligne la nécessité d’une distinction claire entre les croyants pacifiques et les assassins.

Albert Camus disait : « Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde. » En évitant d’appeler les choses par leur nom, les responsables politiques courent le risque de permettre à d’autres de revendiquer ce langage à des fins politiques. Le Rassemblement National, par exemple, utilise fréquemment cette ambiguïté pour alimenter son discours, et cela se reflète dans les sondages où le parti est en tête.

Une enquête dirigée par l’historien Denis Peschanski a révélé qu’une part croissante de l’opinion publique relie les attentats du 13-Novembre à « des tensions religieuses et culturelles » ainsi qu’au « nombre d’immigrés en France ». Cette perception erronée renforce la stigmatisation des communautés musulmanes, renforçant ainsi un cycle de méfiance et de division dans la société française.

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