"Les terres sont souillées" : dans la "vallée de la chimie", les habitants demandent réparation aux industriels
"Les terres sont souillées" : dans la "vallée de la chimie", les habitants demandent réparation aux industriels

« Les terres sont souillées » : dans la « vallée de la chimie », les habitants demandent réparation aux industriels

20.02.2025
2 min de lecture

L’Assemblée nationale a approuvé définitivement jeudi une proposition de loi pour bannir les PFAS des vêtements, chaussures ou encore cosmétiques, à partir du 1er janvier 2026.

La France vient de se doter, jeudi 20 février, d’une première règlementation sur les PFAS. La proposition de loi écologiste adoptée à l’Assemblée nationale restreint à compter du 1er janvier 2006 la fabrication et la vente de produits contenant des PFAS, ces « polluants éternels » massivement présents dans la vie courante. Ces milliers de substances chimiques, extrêmement résistantes, encore méconnues, sont soupçonnées de causer – entre autres – des cancers.

À Oullins-Pierre Bénite, au sud de Lyon, dans ce qu’on appelle « la vallée de la chimie », la pollution est généralisée et l’inquiétude des habitants est immense. Ils attaquent en justice les industriels.

Thierry Mounib, figure locale de la lutte contre les PFAS, décrit le paysage depuis une passerelle en hauteur. À gauche, l’immense site d’Arkema qui a rejeté pendant des années des polluants éternels. Un peu plus loin, l’usine de Daikin et juste à droite, à une centaine de mètres : « Vous voyez la maison bleue qui est juste là ? C’est l’école primaire. Au pied de l’école primaire, c’est l’école maternelle. On a fait des prélèvements et les terres sont souillées. Tout est contaminé, y compris les jardins ouvriers qui sont juste en face. Et les personnes, bien évidemment. »

« Obliger ces entreprises à faire toutes les études d’impact »

Thierry Mounib en est persuadé : ces pollutions menacent tous les riverains. « La maison en face, la dame vient de mourir d’un cancer. Son mari était mort d’un cancer. La dame à gauche a un cancer, ma femme a un cancer, chez les amis la maison derrière, madame a un cancer… Et il n’y a pas d’études ! »

Aucune preuve d’un lien entre ces maladies et les PFAS, encore mal connus, d’où les procédures judiciaires en cours : « L’objectif c’est d’obliger ces entreprises à faire toutes les études d’impact dans la population pour savoir le degré d’imprégnation de la population et un suivi sanitaire, payés par les entreprises. Ce sont eux qui nous ont pollués à ce point. » Arkema respecte les réglementations, répond le groupe. Il assure avoir cessé tous les rejets il y a trois mois et ne plus utiliser de PFAS.

« Cela concerne jusqu’à 220 000 personnes »

Pas de quoi calmer les riverains. Une nouvelle procédure est lancée par Louise Tschanz, avocate en droit de l’environnement, pour obtenir des indemnités : « On parle beaucoup d’Oullins-Pierre Bénite mais en fait, ça concerne tout le sud de Lyon et tout l’ouest de Lyon, jusqu’à 220 000 personnes. On parle de préjudice de jouissance, par exemple, je ne peux pas manger mes légumes, je ne peux pas manger mes œufs. On parle de préjudice d’anxiété, ça me stresse si j’ai des problèmes de santé, si mon bien immobilier a perdu de la valeur… »

« C’est pour obtenir réparation de tous ces préjudices-là qu’est lancée cette action, poursuit Louise Tschanz. C’est aussi pour concrétiser l’adage : ‘L’union fait la force’. Si on a 1 000, 2 000, 3 000 personnes qui font des actions, bien évidemment, les entreprises devront payer pour tous les préjudices qu’elles font subir à la population. » L’avocate espère réunir au moins 500 dossiers dans les toutes prochaines semaines, pour les transmettre à la justice à partir du mois prochain.

Laisser un commentaire

Your email address will not be published.

Dernières nouvelles