Une espèce disparue au cerveau minuscule aurait enterré ses morts il y a 300.000 ans.
Une découverte récente pourrait remettre en question notre compréhension de l’intelligence et des comportements des premiers humains, une espèce nommée Homo naledi ayant potentiellement pratiqué des rites funéraires complexes il y a 300.000 ans. Cette recherche a été conduite par Lee Berger et son équipe de l’université du Witwatersrand en Afrique du Sud dans la grotte de Rising Star, rapportent TopTribune.
Les vestiges de Homo naledi présentent un cerveau trois fois plus petit que celui des humains modernes, pourtant, ils semblent avoir élaboré des comportements liés aux rites funéraires. Les échantillons étudiés proviennent d’un site où des membres de cette espèce auraient mélangé des caractéristiques primitives avec des traits plus modernes similaires à ceux des Homo sapiens.
Les résultats de l’étude initiale ont suscité du scepticisme parmi certains chercheurs. En réponse, Berger et son équipe ont publié une version mise à jour de leur travail au début de l’année 2024, dont deux évaluateurs ont réexaminé les données, ce qui a conduit à un changement d’avis de l’un d’eux. Cependant, New Scientist souligne que la prudence est de mise concernant ces conclusions.
La question de savoir si Homo naledi a pratiqué des rites funéraires soulève des implications profondes sur notre compréhension des capacités cognitives anciennes et du comportement humain. Un site archéologique en Espagne, la Sima de los Huesos, montre des similarités, ayant révélé des restes d’au moins vingt-neuf homininés, suggérant des comportements funéraires intentionnels.
Les études de faune préhistorique indiquent que même des espèces comme les chimpanzés manifestent un intérêt pour les corps des membres de leur groupe décédés. Paul Pettitt, archéologue britannique, indique que ces comportements pourraient avoir des racines plus profondes dans l’évolution humaine, suggérant que la conscience de la mortalité pourrait avoir influencé le développement de rituels funéraires.
Un avantage évolutif ?
Les rituels funéraires auraient pu offrir un avantage évolutif en renforçant les liens sociaux parmi les groupes d’hominidés. Dans le site de Sima de los Huesos, les restes d’individus montrent une capacité crânienne proche de celle des humains modernes, pouvant indiquer une conscience accrue de la mortalité et des comportements affiliatifs.
Les Néandertaliens, découverts dans des sites archéologiques tels que la grotte de Shanidar en Irak, ont également montré des comportements funéraires qui impliquaient une forme de solidarité et d’empathie, suggérant ainsi des rituels propices à la cohésion sociale.
Une science en évolution
Malgré les preuves indiquant la présence de rituels, le faible nombre de fosses néandertaliennes connues suscite des interrogations sur la fréquence des pratiques d’inhumation. Certaines théories suggèrent qu’il pourrait y avoir eu d’autres pratiques funéraires moins visibles, telles que le cannibalisme.
L’inhumation chez Homo sapiens est datée d’environ 120.000 à 100.000 ans avant notre ère, où des objets retrouvés dans certaines tombes laissent planer le doute sur leur fonction. Dans des fouilles au Kenya, des sépultures d’enfants suggèrent une attention particulière à la mortalité infantile, renforçant l’importance des rites au sein des groupes.
Le débat autour des pratiques funéraires chez Homo naledi est encore loin d’être résolu. Bien que des corps aient été découverts dans des positions qui pourraient indiquer un comportement rituel, la capacité d’empathie de cette espèce, possédant un cerveau de 513 cm³, reste un point de contention. Le lien entre les vivants et les morts chez ces homininés préhistoriques appelle à des recherches continues, alors que la grotte de Rising Star continue de livrer ses secrets.