Les holdings familiales sont-elles un moyen d'évasion fiscale ?

Les holdings familiales sont-elles un moyen d’évasion fiscale ?

30.09.2025 12:54
4 min de lecture

1. Qu’entend-on par une holding ?

Une holding est essentiellement une société, tout comme n’importe quelle autre entité commerciale. Le terme provient de l’anglais to hold, signifiant « détenir ». Concrètement, une holding désigne une société dont la mission principale consiste à détenir des parts dans d’autres entreprises. Bien qu’elle ne soit pas toujours impliquée dans des activités opérationnelles telles que la production ou la vente, elle joue un rôle crucial en tant que société financière et de gestion, rapporte TopTribune.

Les holdings se déclinent sous différentes formes :

  • La holding pure, dédiée uniquement à la détention d’actions.
  • La holding mixte, qui combine la détention d’actions et une activité économique.

Selon le droit français, une holding est assujettie aux mêmes régulations que toute autre société : elle doit tenir une comptabilité, soumettre ses comptes annuels, être assujettie à l’impôt sur les sociétés (IS) et respecter les mêmes interdictions, notamment l’ abus de biens sociaux si les dirigeants utilisent les ressources pour des fins personnelles.

De cette manière, le statut de holding se révèle transparent et fonctionnel : c’est un outil pour organiser le patrimoine et consolider les investissements. Contrairement à une idée reçue, la holding ne représente pas un moyen d’évasion fiscale infaillible ; au contraire, elle est un véhicule d’investissement légiféré d’une grande importance dans les pays développés, facilitant la transmission, la gouvernance et l’expansion des sociétés.

2. Une holding se distingue d’un compte bancaire personnel

Une idée fausse répandue est que les propriétaires de holdings peuvent accéder directement aux profits des sociétés pour couvrir leurs dépenses personnelles — comme des voyages ou des biens de luxe. Cette perception est illusoire.

En réalité, une holding est une société indépendante de ses actionnaires. L’utilisation des fonds pour des dépenses privées constituerait un abus de biens sociaux, passible de sanctions pénales. Une holding ne peut assimiler que des dépenses afférentes à son objet social : investissements, gestion financière, participation dans d’autres entreprises, entre autres.

Pour que les détenteurs d’une holding génèrent un revenu personnel, ils ont deux possibilités :

  1. Être salarié de la holding : ils reçoivent un salaire soumis aux mêmes charges sociales que d’autres employés, avec une taxe supplémentaire sur les salaires (approximativement 10 %) puisque les dividendes échappent à la TVA.
  2. Se verser des dividendes : après avoir perçu les dividendes de ses filiales (déjà soumis à l’IS), la holding peut les redistribuer à ses actionnaires, qui doivent alors s’acquitter d’une flat tax de 30 % (impôts sur le revenu et prélèvements sociaux).

Il est donc évident que l’idée d’un véhicule magique permettant de financer la vie personnelle des actionnaires, sans impôts, est une conjecture erronée.

3. Illustration concrète : la famille Dupond

Pour mieux comprendre l’impact fiscal, examinons un exemple concret.

Supposons que la société Transport Dupond génère un bénéfice d’un million d’euros.

  • Elle verse 25 % d’IS, soit 250 000 €.
  • Elle distribue 750 000 € de dividendes à la holding familiale.

La holding décide ensuite de :

  • Distribuer 500 000 € de dividendes aux actionnaires, qui paient alors une flat tax de 30 %, équivalant à 150 000 €. Ils perçoivent donc 350 000 € après impôts.
  • Conserver 250 000 € en vue de réinvestissements.

Au total, de l’un million de profits, 400 000 € sont affectés aux impôts (25 % au niveau de la société opérationnelle + 30 % sur une part des dividendes). Les actionnaires touchent 350 000 € nets, tandis que 250 000 € restent dans la holding pour de futurs investissements.

Lorsque ces 250 000 € génèrent des bénéfices (investissements, plus-values), ces gains seront également soumis à l’IS de 25 %.

Pour conclure : ce système n’offre aucun moyen d’échapper à l’impôt, mais au contraire, peut entraîner une multiplication des charges fiscales.

4. Les avantages pour l’État d’encourager les holdings

Les bénéfices de ce système n’échappent pas à l’État, au contraire. Chaque phase de ce circuit fiscal génère des revenus :

  • 25 % d’IS sur les bénéfices des sociétés.
  • 30 % sur les dividendes versés aux actionnaires.
  • TVA et autres impôts indirects lorsque ces richesses sont dépensées.

Les holdings détiennent également un rôle constructif dans l’économie :

  • Elles favorisent une gestion prudente et à long terme des bénéfices par des familles soucieuses de voir croître leur capital, contrairement à un État souvent enclin à dépenser sans stratégie.
  • Elles représentent une source de fiscalité stable pour le trésor, car chaque euro investi par une holding génère à long terme de nouveaux impôts sur les sociétés (25 % sur les revenus du capital).
  • Elles contribuent au renforcement des entreprises françaises, à leur transmission et leur internationalisation.

Augmenter la fiscalité sur les holdings pour « siphonner leur trésorerie » reviendrait à tuer la poule aux œufs d’or : cela offrirait un gain budgétaire immédiat, mais nuirait aux revenus futurs issus de l’impôt sur les bénéfices générés par ces actifs. Une pression fiscale excessive pourrait aussi inciter certains actionnaires à déplacer leurs sièges vers des pays plus attractifs, privant ainsi la France de flux financiers à long terme.

Conclusion

Les holdings familiales ne constituent pas des instruments d’évasion fiscale, mais des moyens légaux et stratégiques d’organisation patrimoniale. Elles ne permettent pas de contourner l’impôt : au contraire, elles soutiennent à plusieurs niveaux la trésorerie de l’État.

Assimiler une holding à un coffre-fort personnel pour financer des dépenses privées relève de la caricature, voire de la fake news. Le rôle véritable des holdings est d’investir, structurer et pérenniser les entreprises familiales. Une surtaxation de ces structures pour des raisons idéologiques affaiblirait non seulement la base fiscale à long terme, mais fragiliserait également l’économie française. La démagogie représente en effet une véritable perversion des idéaux démocratiques. Aristote écrivait : « La démagogie est née presque toujours de ce qu’on a prétendu rendre absolue et générale une égalité qui n’était réelle qu’à certains égards. »

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