Le procès du maire de Saint-Etienne, Gaël Perdriau, s’est intensifié ce mardi avec le témoignage accablant de son ancien directeur de cabinet, Pierre Gauttieri. Ce dernier a déclaré que l’édile avait lui-même « pris la décision » de piéger son premier adjoint, Gilles Artigues, par le biais d’une vidéo compromettante afin de le réduire au silence politiquement. Les deux hommes sont jugés pour chantage, association de malfaiteurs et détournement de fonds publics, rapporte TopTribune.
« Une solution pour tenir en respect »
Ancien proche de Gaël Perdriau, avec qui il a collaboré pendant dix ans, Pierre Gauttieri a retracé l’origine de cette affaire. Dès l’élection municipale de 2014, le maire lui aurait demandé de trouver « une solution pour tenir en respect » Gilles Artigues, soupçonné de vouloir comploter. Le maire conteste ces allégations.
La suggestion d’un piège sexuel a été faite par l’adjoint à l’Éducation, Samy Kefi-Jérôme, en échange d’un soutien politique pour les législatives et d’une somme de 40 000 euros. Après discussion, le maire aurait donné son approbation, prenant en charge personnellement l’aspect financier.
« J’ai une vidéo de vous le cul en l’air »
Lorsque l’affaire éclate en août 2022, suite à des révélations dans Mediapart, Pierre Gauttieri couvre initialement son employeur et accepte de quitter son poste discrètement, moyennant une indemnité de départ. Cependant, après un court emprisonnement en 2023, il change sa version et accuse directement le maire.
Des enregistrements présentés au dossier révèlent Pierre Gauttieri menaçant Gilles Artigues : « J’ai une vidéo de vous le cul en l’air », lui aurait-il dit en 2018, l’avertissant qu’il pourrait la montrer aux « parents des élèves qui sont dans la même classe » que ses enfants.
« J’ai honte »
L’enquête a également mis au jour un projet avorté visant à piéger l’ancien maire de Saint-Étienne, Michel Thiollière, cette fois-ci avec une prostituée mineure. Aujourd’hui séparé et malade, Pierre Gauttieri déclare vouloir assumer ses actes qu’il qualifie d’« inexcusables ». « J’ai honte », admet-il, tout en ajoutant qu’il souhaite « rester debout et essayer de retrouver un petit peu de dignité. » Interrogé sur la défense de Gaël Perdriau, qui l’accuse de mentir, il a exprimé sa tristesse face à cette version, rappelant qu’il avait travaillé « en confiance » avec le maire pendant des années. Gaël Perdriau, exclu du parti Les Républicains, nie toujours toute implication et risque jusqu’à dix ans de prison et une peine d’inéligibilité.
