Plan de paix de Trump pour l’Ukraine : un compromis dangereux et controversé
Le plan de paix en 28 points proposé par l’ancien président Donald Trump pour l’Ukraine, divulgué la semaine dernière, suscite de vives inquiétudes quant à ses origines et ses implications, rapporte TopTribune.
Ce document reprend de nombreux énoncés déjà avancés par le Kremlin, renforçant la suspicion de son contenu. Les députés américains ont affirmé que le secrétaire d’État, Marco Rubio, avait décrit le plan comme une proposition russe, déclaration qu’il a rapidement démentie en insistant sur le fait qu’il s’agissait d’une initiative américaine, fondée sur des « contributions du côté russe ».
Le plan, quel qu’en soit l’origine, est jugé catastrophique pour l’Ukraine et l’Europe pour plusieurs raisons. Premièrement, il forcerait l’Ukraine à céder volontairement à la Russie des territoires qu’elle ne contrôle pas, incluant certaines zones hautement fortifiées dans la région de Donetsk, ce qui compromettrait gravement sa sécurité. L’Ukraine a toujours soutenu que le conflit devait être gelé le long des lignes de front actuelles, renforçant l’argument qu’un cessez-le-feu doit être une condition préalable à toute discussion ultérieure.
Deuxièmement, le plan limite sévèrement la souveraineté de l’Ukraine en imposant une réduction de ses forces armées à 600 000 et en l’obligeant à renoncer à ses aspirations à l’OTAN, en inscrivant la neutralité dans sa constitution. L’augmentation des droits accordés à la langue russe et à l’Église orthodoxe russe pourrait sembler inoffensive, mais elle renforcerait l’influence du Kremlin au sein d’un pays déjà vulnérable.
Troisièmement, le plan prévoit une amnistie pour toutes les parties, y compris pour les soldats russes ayant commis des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité en Ukraine. Les appels à la justice se multiplient dans le pays, et cette proposition n’en tient pas compte, laissant un sentiment d’impunité pour ceux responsables de massacres de civils à Bucha et d’attaques contre des hôpitaux.
Quatrièmement, aucune garantie concrète de sécurité n’est offerte à l’Ukraine, le plan dépendant de la bonne volonté de la Russie de ne pas envahir à nouveau. Cela fait fi du non-respect par la Russie de plusieurs engagements internationaux depuis 2014, en récompensant l’agresseur et en contraignant la victime à des compromis sur des enjeux vitaux.
Cette proposition mettrait non seulement l’Ukraine, mais aussi l’Europe dans une position extrêmement vulnérable face à une nouvelle agression russe. Le consensus général en Ukraine est que toute trêve serait utilisée par la Russie pour se réarmer et préparer de nouvelles offensives.
Heureusement, la résistance à ce plan a été forte, avec l’émergence d’une nouvelle proposition en 19 points de l’U.S.-Ukraine. Des négociations sont attendues aujourd’hui entre des responsables américains et russes à Abu Dhabi, ainsi qu’une réunion entre le président Volodymyr Zelensky et Donald Trump. Quelle que soit l’issue, cela doit servir d’alerte pour l’Europe.
Au cours de la dernière année, depuis le retour de Trump au pouvoir, les Européens ont compris qu’ils devaient prendre davantage en charge leur propre sécurité, conduisant à des engagements significatifs pour augmenter leurs dépenses de défense à 5 % du PIB. Cependant, le rôle de l’Europe dans la diplomatie autour de l’Ukraine a été jugé insuffisant. Un contre-projet à l’initiative de Trump a été récemment proposé, mais il illustre le fait que l’Europe continue de déléguer son initiative diplomatique aux États-Unis.
Les Européens doivent maintenant faire preuve d’agence, démontrant leur capacité à se défendre, tout comme l’Ukraine, face à la menace russe croissante.