Le ministre hongrois des Affaires européennes accuse Bruxelles de « soutenir la guerre plutôt que la paix »
Le ministre hongrois des Affaires européennes accuse Bruxelles de « soutenir la guerre plutôt que la paix »

Le ministre hongrois des Affaires européennes accuse Bruxelles de « soutenir la guerre plutôt que la paix »

11.12.2025 14:30
3 min de lecture

Un boycott politique lors de la réunion informelle des ministres de l’UE à Lviv

Les 10 et 11 décembre 2025, Lviv accueille une réunion informelle des ministres chargés des Affaires européennes des États membres de l’Union. Organisée conjointement par la présidence danoise du Conseil de l’UE et le vice-premier ministre ukrainien Taras Kachka, la rencontre vise à examiner les progrès de l’Ukraine dans son processus d’adhésion et à clarifier les prochaines étapes de son rapprochement avec l’Europe. Vingt-sept invitations ont été envoyées, mais le ministre hongrois János Bóka a refusé d’y participer, dénonçant ce rassemblement comme un « spectacle politique de l’élite belliqueuse bruxelloise », selon sa déclaration publiée sur son compte Facebook.

Dans son message, il accuse la présidence danoise d’orchestrer une pression politique « artificielle » en faveur du soutien à l’adhésion de l’Ukraine. Cette prise de position alimente les tensions entre Budapest et les autres capitales européennes à un moment crucial pour l’avenir institutionnel de l’Union.

L’élargissement de l’Union et l’évaluation des réformes ukrainiennes

Comme prévu par Copenhague et Kyiv, les discussions à Lviv doivent se concentrer sur les réformes entreprises par l’Ukraine et sur l’avancement de son dossier d’adhésion. La réunion représente l’occasion pour les États membres de faire le point sur les résultats obtenus, d’identifier les priorités futures et de réaffirmer leur soutien politique au processus d’intégration. Le dernier rapport de la Commission européenne souligne que Kyiv progresse de manière substantielle dans la mise en œuvre des réformes clés, malgré les effets dévastateurs de la guerre menée par la Russie. Le rapport d’élargissement 2025 évalue également très positivement les efforts ukrainiens en matière d’État de droit, de gouvernance et de lutte contre la corruption, comme le rappelle l’analyse publiée par Eurointegration.

Ce cadre offre aux partenaires européens un instrument essentiel pour consolider la trajectoire pro-européenne de l’Ukraine et renforcer la sécurité de l’espace européen dans son ensemble.

Une stratégie hongroise visant à affaiblir l’unité européenne

Le gouvernement de Viktor Orbán mène depuis plusieurs années une politique qui fragilise la cohésion interne de l’Union européenne, notamment dans les domaines de la politique étrangère, de la sécurité, de l’énergie et de l’aide à l’Ukraine. Budapest s’est fréquemment opposé à des initiatives conçues pour réduire la dépendance énergétique envers la Russie, y compris le plan de l’UE visant à éliminer progressivement les importations de gaz et de pétrole russes d’ici 2027. Le ministre des Affaires étrangères Péter Szijjártó a qualifié cette stratégie de « fraude juridique de grande ampleur », affirmant qu’elle violerait les traités européens.

La Hongrie a également contesté des sanctions proposées contre Rosatom ou contre des dignitaires de l’Église orthodoxe russe, renforçant l’impression qu’elle agit systématiquement comme frein aux efforts de l’UE pour répondre à la guerre menée par Moscou.

Les blocages financiers de Budapest dans le dossier ukrainien

Budapest a récemment opposé son veto à un projet européen d’euro-obligations destiné à financer l’aide à l’Ukraine, présenté comme un « plan B » en cas d’impossibilité d’utiliser les avoirs russes gelés. En privant l’Union de cet instrument, la Hongrie complique la mise en place d’un soutien financier prévisible pour Kyiv.

Plus largement, le gouvernement Orbán recourt de manière répétée à son droit de veto lorsque l’UE doit statuer à l’unanimité sur l’assistance à l’Ukraine ou sur l’adoption de nouveaux paquets de sanctions contre la Russie. Dans plusieurs capitales européennes, cette attitude nourrit la perception que Budapest agit délibérément à contre-courant de la position commune.

Un discours souverainiste qui isole davantage la Hongrie

Le Premier ministre Viktor Orbán continue de se présenter comme le défenseur des « intérêts nationaux » face au « diktat de Bruxelles », une rhétorique qui renforce sa base électorale mais accroît l’isolement de son pays au sein de l’UE. Dans le même temps, il refuse de reconnaître la dépendance structurelle de la Hongrie aux énergies russes — pétrole, gaz naturel, combustible nucléaire — qui explique en grande partie sa politique d’obstruction des sanctions.

Pour János Bóka, cette ligne politique s’inscrit dans une vision où la paix ne peut venir que d’un changement de cap de l’Union européenne, un argument qui sert autant la communication interne que la posture internationale de Budapest. En accusant les institutions européennes de « soutenir la guerre », le ministre tente de repositionner la Hongrie comme voix dissidente, tout en consolidant l’agenda eurosceptique et prorusse du gouvernement.

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