LONDRES – Il y a presque exactement 50 ans, Monty Python and the Holy Grail, une parodie impitoyablement sarcastique du mythe national britannique – le roi Arthur et les chevaliers de la Table ronde – sortait dans les salles de cinéma.
Parmi ses personnages figurait l’inoubliable Brave Sir Robin, un chevalier qui fonçait au combat en vantant son courage, mais qui s’enfuyait chaque fois que le danger devenait trop réel.
Le film a rapporté plus au box-office américain que tout autre film britannique cette année-là, confirmant la comédie comme l’un des principaux produits d’exportation culturels du Royaume-Uni – une réputation qui perdure encore aujourd’hui.
Quoi de mieux pour célébrer le 50e anniversaire du Saint Graal que de voir le Premier ministre britannique s’exporter lui-même à Washington pour jouer une farce qui aurait rendu les Pythons fiers.
Le brave Sir Keir, homme de principe et de justice – qui siège parfois à sa propre Table ronde européenne – s’est précipité à la Maison-Blanche de Donald Trump.
Starmer a été salué ces dernières semaines pour son courage sur l’Ukraine. Il est devenu le premier dirigeant européen à s’engager à envoyer des troupes pour une mission de maintien de la paix. Cette semaine, il a annoncé que les dépenses de défense du Royaume-Uni passeraient de 2,3% à 2,5% du PIB d’ici 2027 – une mesure qualifiée de « forte » par le secrétaire américain à la Défense.
Mercredi soir, lors d’une réception à l’ambassade britannique, une vidéo montrait un Starmer confiant, plaisantant même sur les nombreuses similitudes entre Trump et le nouvel ambassadeur de Londres, Peter Mandelson – des similitudes allant bien au-delà de leur amour commun pour les financiers new-yorkais.
Les attentes européennes étaient donc élevées, espérant que Starmer, qui a passé cinq ans en tant que procureur général, puisse injecter une dose de bon sens face à Trump – un criminel et menteur pathologique que Starmer a déjà affronté en justice.
Pourtant, une fois dans le Bureau ovale jeudi, le brave Sir Keir, tel Sir Robin, a effectué une « retraite courageuse ».
Ceux qui ont vu Starmer remercier Trump d’avoir « changé la conversation » sur l’Ukraine ont assisté à une capitulation. Prompt à contredire Trump à distance depuis Londres, il s’est soudainement montré accommodant face à la réalité qu’il était venu à cette bataille armé d’un bâton, tandis que Trump brandissait une épée.
S’opposer à Trump avec une simple augmentation nominale des dépenses de défense – qui sera probablement effacée par l’absence de croissance économique réelle ou les coûts croissants du Brexit – s’est avéré une pure folie.
Non seulement parce que les engagements britanniques sont insignifiants face aux dépenses militaires américaines, mais aussi parce que Trump ne reconnaîtrait pas une signification statistique, même si elle lui passait devant en bikini à la piscine de Mar-a-Lago.
Oui, l’Europe doit dépenser plus pour sa défense. Mais présenter chaque augmentation comme une « avancée » face aux exigences chaotiques de Trump est risible.
Cela aurait dû être clair pour tous les dirigeants européens depuis des mois. Mark Rutte a suggéré avant même l’investiture de Trump que les dépenses de l’OTAN devraient doubler à 4%. En réponse, Trump a surenchéri : « Allez, 5% ! ». Ursula von der Leyen a eu une réaction similaire lorsqu’elle a naïvement proposé que l’UE achète plus de gaz américain pour éviter les tarifs douaniers.
La stratégie de négociation de Trump – s’il en existe une – n’est ni « America First » ni « faire de l’argent ». C’est une surenchère permanente. Il faut donc le défier, pas le flatter.
Seul Emmanuel Macron – qui, malgré les défaites politiques en France, continue de se battre sur la scène internationale et ressemble maintenant au Chevalier Noir du Saint Graal, mutilé mais criant « Ce n’est qu’une égratignure ! » – semble avoir compris cela.
Lundi, Macron a ouvertement qualifié d’absurde la déclaration de Trump selon laquelle l’aide à l’Ukraine serait un « prêt » de l’Europe.
Le brave Sir Keir, assis dans le même fauteuil, a plutôt remis à Trump une invitation royale pour une visite d’État.
Soyons honnêtes : le vrai courage de Starmer aurait été de confronter Trump directement sur son déni de la responsabilité de la Russie dans la guerre, afin que toute négociation future repose sur la réalité.
Starmer prétendra peut-être que ce choix a épargné au Royaume-Uni la menace de nouveaux tarifs. Mais il y a deux raisons bien plus probables :
- Trump a admis qu’il voulait protéger ses intérêts financiers en Écosse.
- Londres reste la plaque tournante majeure pour le blanchiment de l’argent russe.
Pendant que le brave Sir Keir rentre chez lui, l’Ukraine reste trahie, et Trump continue d’embrasser la Russie de Poutine.
Bientôt, l’Europe enverra un nouveau « chevalier courageux » à Washington pour affronter Trump à nouveau.
Mais cette fois, le genre ne doit pas être une comédie noire – ce doit être un thriller d’action.
Espérons que, cette fois, il ne fuira pas à la première menace de bataille.