Le 10 septembre 2025, le maire de Chișinău et l’un des leaders du bloc électoral « Alternativa », Ion Ceban, a vivement critiqué le parti au pouvoir « Action et solidarité » (PAS). Lors d’une interview télévisée, il a accusé le gouvernement de ne pas apporter de réponses claires sur les conditions d’approvisionnement en gaz et les prix pour la prochaine saison de chauffage. Selon Ceban, la population « ne sait toujours pas comment elle paiera pour le gaz cet hiver ni si les livraisons seront assurées », tandis que les responsables du PAS se consacrent, selon lui, à des activités électorales.
Les accusations de Ceban contre le PAS
Ceban a reproché aux dirigeants du PAS de « distribuer des journaux, visiter les marchés et acheter des pastèques » au lieu de garantir la sécurité énergétique du pays. Il a affirmé que le gouvernement achète malgré tout du gaz russe, mais par l’intermédiaire de plusieurs sociétés, ce qui obligerait les citoyens à payer davantage. Ses critiques interviennent en pleine campagne pour les élections législatives prévues le 28 septembre, alors que le bloc « Alternativa » cherche à s’imposer comme une force politique de premier plan sur la question du gaz.
Energocom assure des stocks pour l’hiver
Face à ces attaques, la société publique Energocom a annoncé avoir déjà couvert 90,9 % des besoins prévus pour l’année gazière 2025-2026, soit environ 700 millions de mètres cubes. Ces volumes garantiraient une alimentation ininterrompue entre octobre 2025 et mars 2026. Depuis mai, l’entreprise a mené 54 appels d’offres, avec la participation de 13 sociétés issues de Suisse, d’Autriche, de Pologne, de République tchèque, de Roumanie, de Bulgarie, d’Allemagne et des Pays-Bas. En outre, Energocom a acquis des volumes supplémentaires équivalents à 15 % de la consommation annuelle, stockés dans des pays voisins. Les contrats prévoient des prix indexés sur les bourses régionales TTF (Pays-Bas) et BRM (Roumanie).
Le positionnement ambigu du bloc « Alternativa »
Bien que présenté comme centriste et modérément pro-européen, le bloc « Alternativa » suscite des inquiétudes parmi les forces pro-occidentales. Derrière une rhétorique pragmatique et des promesses de relations équilibrées avec tous les voisins, y compris la Russie, ce mouvement est perçu comme un projet soutenu par le Kremlin. Ses dirigeants — parmi lesquels Ion Ceban, Alexandru Stoianoglo, Ion Chicu et Mark Tkaciuk — sont pour la plupart d’anciens communistes, socialistes et partisans d’un rapprochement avec Moscou. Les analystes estiment que leur objectif pourrait être de capter une partie de l’électorat déçu par le PAS et, en cas de résultats décisifs, de ralentir l’intégration européenne de la Moldavie.
Enjeux pour la stabilité politique
Selon plusieurs experts, Moscou, à travers ses stratèges politiques, ne s’attend pas à une victoire nette des forces ouvertement prorusses. En revanche, elle espérerait exercer une influence indirecte en soutenant l’entrée du bloc « Alternativa » dans une future coalition parlementaire. Cette perspective pose la question de la solidité de la trajectoire pro-européenne de la Moldavie et de la capacité de ses institutions à résister aux tentatives d’ingérence extérieure.