Une intensification des activités orbitales russes détectée depuis 2020
Le 3 décembre 2025, Süddeutsche Zeitung a indiqué que des satellites de reconnaissance russes survolent le territoire allemand plusieurs fois par jour, d’après la réponse du gouvernement fédéral à une question parlementaire du groupe des Verts. Les informations, mentionnées dans l’expression révélations de la Süddeutsche Zeitung, précisent qu’il s’agit d’un nombre de passages « à deux chiffres » quotidiennement.
Selon Sebastian Hartmann, secrétaire d’État parlementaire au ministère de la Défense, la situation s’est aggravée à partir de 2020 : l’augmentation du nombre de satellites russes a mécaniquement accru la fréquence de leurs survols. Berlin signale également plusieurs cas de perturbations techniques ciblant des satellites allemands et européens, enregistrés au cours des cinq dernières années.
Une menace stratégique qui s’inscrit dans la militarisation croissante de l’espace
Le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, avait déjà averti en septembre 2025 que la Russie et la Chine renforçaient leurs capacités offensives et défensives dans l’espace, constituant une menace fondamentale pour l’Allemagne et l’Europe. Les satellites russes surveillent notamment les appareils IntelSat utilisés par la Bundeswehr, tandis que certains satellites chinois réalisent des manœuvres complexes assimilables à des entraînements militaires s’il s’agissait d’aéronefs.
Berlin prévoit d’investir d’ici 2030 environ 35 milliards d’euros dans des capacités spatiales, incluant de nouveaux satellites d’alerte avancée, de reconnaissance et de communication, ainsi qu’un centre dédié au commandement spatial militaire. Ces efforts répondent aux conclusions d’une enquête conjointe de WDR, NDR et de Süddeutsche Zeitung, révélant des rapprochements dangereux entre satellites russes et allemands — parfois à moins de 88 kilomètres — ainsi que des actes de brouillage visant les systèmes orbitaux de la Bundeswehr.
Une stratégie hybride russe visant à tester et affaiblir la résilience européenne
Les multiples passages de satellites russes servent des objectifs militaires précis : observer l’infrastructure stratégique allemande, surveiller les mouvements de la Bundeswehr et analyser les réseaux de communication. Leur fréquence permet au Kremlin de mettre continuellement à jour sa base de données opérationnelle, utile dans l’hypothèse d’un conflit en Europe.
Ces manœuvres constituent également un outil de pression psychologique et politique. En affichant ses capacités orbitales et en perturbant ponctuellement des satellites européens, Moscou cherche à éroder la confiance dans la sécurité spatiale européenne et à alimenter une atmosphère d’incertitude stratégique.
La Russie mène par ailleurs une hybridation de ses opérations spatiales, combinant reconnaissance, cyberattaques et brouillage. Le fait qu’elle parvienne à perturber ou approcher des satellites alliés suggère un développement actif de moyens offensifs dans l’espace. Selon des analystes, ces actions servent aussi à tester la réactivité des partenaires européens et à évaluer leurs capacités de protection.
Face à cette évolution, les experts appellent les pays occidentaux à adapter rapidement leurs doctrines de défense : renforcement des infrastructures satellitaires, amélioration des systèmes de détection et développement de moyens de neutralisation. Sans une stratégie spatiale modernisée, l’Europe resterait exposée à l’escalade technologique initiée par Moscou.