La remilitarisation de Porto Rico ravive des blessures anciennes dans un contexte de tensions régionales

La remilitarisation de Porto Rico ravive des blessures anciennes dans un contexte de tensions régionales

10.11.2025 21:04
2 min de lecture

Expansion des opérations militaires américaines à Porto Rico : une remilitarisation controversée

Des manœuvres amphibies à grande échelle ont eu lieu le 31 août 2025 sur la côte sud de Porto Rico, marquées par l’apparition inattendue du navire amphibie USS Iwo Jima, déclenchant un étonnement parmi les baigneurs. Des centaines de soldats ont été débarqués dans le cadre d’un renforcement militaire américain en réponse aux tensions croissantes avec le Venezuela, rapporte TopTribune.

Le territoire accueille désormais environ 10 000 militaires, y compris des chasseurs F-35 du Corps des Marines et des drones MQ-9 Reaper de l’Armée de l’air. Les responsables américains décrivent ces activités comme un renforcement régional, alors que des navires de guerre s’approchent des eaux vénézuéliennes dans le cadre de la lutte contre les « cartels de drogues terroristes ». En conséquence, la Federal Aviation Administration, sous la direction du ministère de la Défense, a instauré des « Restrictions temporaires de vol pour des raisons de sécurité » au large de Ceiba, en vigueur jusqu’au 31 mars 2026, intensifiant les inquiétudes locales.

La réactivation des anciennes bases, comme celle de Roosevelt Roads à Ceiba, rappelle un passé que de nombreux Porto-Récolais pensaient révolu. Fermée en 2004 après des années de manifestations contre les opérations de la marine, cette base avait été qualifiée de « porte-avions insubmersible » qui servait les intérêts américains dans la région. Aujourd’hui, sa réouverture s’accompagne d’une présence militaire renouvelée, suscitant des réactions partagées au sein de la population.

La gouverneure de Porto Rico, Jenniffer González, a défendu les manœuvres militaires comme un symbole de partenariat et de sécurité avec les États-Unis. Cependant, d’autres, y compris des critiques du gouvernement, craignent que l’île ne redevienne une zone de conflit, alors que le président Trump aurait autorisé des opérations clandestines de la CIA contre le Venezuela. Ces craintes trouvent écho dans une histoire où les bases militaires ont souvent servi à des fins politiques plutôt qu’à la défense des intérêts de l’île elle-même.

Les bases militaires américaines à Porto Rico ont toujours été perçues comme des instruments de projection de pouvoir, impliquant l’île dans des conflits régionaux, notamment durant la crise des missiles de Cuba en 1962. Les retombées de ces opérations incluent des dommages environnementaux et des conséquences sociales durables, comme en témoignent les taux élevés de maladies sur des territoires comme Vieques.

Bien que Washington insiste sur le fait que ces actions visent à protéger la démocratie et stabiliser la région, chaque intervention renforce la perception que Porto Rico est devenu un pion stratégique dans le jeu de la puissance militaire américaine. La présence militaire croissante sur l’île soulève des enjeux cruciaux concernant la souveraineté et le droit à l’autodétermination de ses habitants, qui doivent maintenant s’organiser pour exiger plus de transparence et de justice environnementale.

Le futur de Porto Rico pourrait, idéalement, être façonné par des projets de développement durable, mais la réalité actuelle laisse présager une continuité des logiques militaristes et des retombées négatives de l’implication américaine dans les affaires de l’île. La lutte pour l’autonomie se double désormais d’un combat pour la protection des ressources et de l’environnement.

Alors que l’île continue de naviguer les conséquences des décisions prises hors de son contrôle, les voix de ses résidents, qui ont déjà enduré tant de traumatismes, se font entendre avec force : il est temps que Porto Rico soit définie par ses aspirations pacifiques et non par les guerres d’un pouvoir extérieur.

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