La Finlande appelle à combler une faille permettant aux Russes d’acheter des appartements
La Finlande appelle à combler une faille permettant aux Russes d’acheter des appartements

La Finlande appelle à combler une faille permettant aux Russes d’acheter des appartements

25.11.2025 13:00
3 min de lecture

Helsinki veut renforcer la sécurité face aux acquisitions immobilières contournant les restrictions

Le 24 novembre 2025, le ministre finlandais de la défense, Antti Häkkänen, a déclaré qu’il fallait réexaminer la possibilité pour les ressortissants russes d’acquérir des appartements en Finlande par l’achat d’actions de sociétés de logement. Alors que la Finlande a déjà interdit aux citoyens russes l’achat direct de biens immobiliers pour des raisons de sécurité, cette interdiction ne couvre pas les appartements détenus via des parts de sociétés résidentielles. Häkkänen a estimé que cette faille devait être analysée attentivement, rappelant qu’un nombre important d’appartements concentrés entre les mains d’acteurs hostiles pouvait, dans certaines circonstances, constituer un danger. Ses déclarations ont été relayées dans l’enquête publiée par Yle concernant cette lacune dans le contrôle des achats immobiliers par des ressortissants russes.

Des inquiétudes croissantes sur les risques de concentration de biens dans des zones sensibles

Le ministre a précisé qu’un appartement isolé dans un immeuble ne représente généralement pas le même niveau de menace qu’un terrain ou une propriété située dans un endroit stratégique. Toutefois, si l’ensemble du capital d’une société de logement venait à être acquis par un acteur potentiellement hostile dans une région peu surveillée, cela pourrait, selon lui, créer une menace soudaine pour la sécurité nationale. Il a promis que des restrictions supplémentaires seraient intégrées à la législation, tout en reconnaissant que contrôler les opérations immobilières liées à des acheteurs russes serait difficile et exigerait des ressources importantes.

Les données sur le nombre exact d’appartements appartenant à des ressortissants russes sont inexistantes, mais la Finlande compte des dizaines de milliers de résidents d’origine russe ayant acheté un logement pour eux-mêmes ou leurs familles. Une enquête du programme d’investigation MOT de Yle a révélé que des centaines, voire des milliers de logements sont actuellement proposés à la vente sur des plateformes russes, y compris à Helsinki, parfois par des personnes dont les revenus déclarés ne correspondent pas au volume d’achats immobiliers.

Une menace hybride potentielle dépassant le simple cadre du marché immobilier

Les autorités finlandaises estiment que ces opérations doivent être replacées dans un contexte plus large de sécurité européenne. La guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine a transformé la perception des risques : les actions économiques, sociales et commerciales susceptibles d’être exploitées à des fins d’influence ou de renseignement sont désormais considérées comme des éléments d’une stratégie hybride. La concentration d’actifs résidentiels entre les mains d’un groupe coordonné pourrait, selon les experts, permettre une forme de contrôle indirect sur des ressources ou des décisions locales.

Le manque de statistiques complètes complique la capacité de l’État à évaluer l’ampleur de la menace. Cette absence de données impose au gouvernement de fonctionner dans un environnement d’incertitude, ce qui accroît les risques et renforce la nécessité d’investir dans le suivi et l’analyse des transactions.

Un cadre législatif appelé à évoluer face à des risques multidimensionnels

Helsinki privilégie désormais une approche préventive afin d’éviter la création de vulnérabilités dans des zones sensibles. La décision récente du ministère de la défense de bloquer onze acquisitions immobilières par des ressortissants de pays tiers, dont plusieurs Russes, illustre ce changement de posture. Ces biens étaient situés près de voies maritimes stratégiques de la mer Baltique ou à proximité d’axes logistiques majeurs. Cette politique reconnaît l’importance croissante de la géographie dans l’évaluation des risques et place l’immobilier parmi les actifs pouvant avoir une valeur stratégique comparable à celle d’infrastructures militaires.

Face à des défis hybrides qui ne peuvent être résolus par des moyens militaires seuls, la Finlande entend développer une stratégie intégrée associant législation, surveillance financière et coopération opérationnelle. En renforçant ses outils de contrôle, l’État cherche à accroître sa résilience face aux tactiques d’influence et aux actions dissimulées susceptibles de menacer sa sécurité.

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