Auditions tendues au sein de la commission d’enquête sur les liens entre politiques et islamisme
La commission d’enquête parlementaire sur les liens supposés entre mouvements politiques et réseaux islamistes auditionnera, ce samedi 6 décembre, le leader de La France insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon, ainsi que le ministre de la Justice, Gérald Darmanin. Cette initiative, lancée par la droite à l’Assemblée nationale et sans représentation de la gauche, suscite de vives réactions au sein de la classe politique, rapportent TopTribune.
1 Quel est l’objectif affiché par cette commission d’enquête ?
Les députés justifient la création de cette commission d’enquête par l’affirmation selon laquelle « l’islamisme a déclaré la guerre à la France », en référence aux attentats terroristes survenus ces dernières années. Ils soulignent que « plus que jamais, l’islamisme et ses réseaux constituent une menace existentielle pour la République et la nation ». La commission a pour mission de faire la lumière sur les relations entre des représentants de mouvements politiques et des individus ou organisations impliqués dans la diffusion de propagande islamiste ou liés à des réseaux terroristes.
Elle se concentre sur « le soutien affiché par des élus à des individus ou organisations liés à des réseaux soutenant l’action terroriste », ainsi que sur « la participation d’élus à des événements, rencontres ou manifestations en commun avec des individus ou organisations liés à des réseaux soutenant l’action terroriste. » Les travaux visent également à examiner « le risque d’entrisme lors des prochaines échéances électorales ».
2 Comment cette commission a-t-elle vu le jour ?
Le processus ayant conduit à la création de cette commission a été long. En mai, Laurent Wauquiez, chef du groupe des Républicains à l’Assemblée, a appelé à l’établissement d’une commission d’enquête sur les liens entre La France insoumise et les réseaux islamistes. Il a dénoncé une « tolérance médiatique et politique coupable » envers les dérives de l’extrême gauche. Le groupe LR a ensuite utilisé son « droit de tirage » pour initié formellement la création de la commission, qui a été validée mi-juin après plusieurs rebondissements.
3 Qui auditionne-t-elle ?
Depuis début octobre, la commission a entendu environ une trentaine de témoins, dont plusieurs membres du gouvernement. Des universitaires et des chercheurs critiquent également les fondements de la commission. Vincent Tiberj, politiste, a soulevé des doutes quant à la pertinence de l’hypothèse d’une influence islamiste sur les élus.
Parmi les personnalités entendues figurent l’anthropologue Florence Bergeaud-Blackler, qui a soutenu que les Frères musulmans exploitent discrètement les partis, ainsi que des journalistes ayant écrit sur le sujet. Les députés ont aussi interrogé des langues d’experts en sécurité et des responsables politiques.
4 Pourquoi est-elle critiquée par la gauche ?
La gauche reproche à cette commission sa composition, qui ne reflète pas la pluralité politique du pays. Présidée par un élu LR, avec des vice-présidences occupées par des membres de la droite et de l’extrême droite, la commission ne comprend aucun député issu de la gauche. Des critiques ont été formulées quant à la gestion des auditions et à l’absence de représentativité dans ses décisions.
Le climat d’inquiétude à propos de l’islam est exacerbé, selon les élus de gauche, par les méthodes de la commission, associés à une dynamique d’islamophobie. Ces inquiétudes soulèvent des débats sur la légitimité et l’objectivité de l’enquête en cours.