Selon le ministre de l’Information libanais, 18 journalistes représentant sept médias étaient présents dans une résidence visée en pleine nuit par l’armée israélienne.
« C’est une tragédie, une catastrophe pour le journalisme », réagit vendredi 25 octobre sur France Culture, Jonathan Dagher, responsable du bureau Moyen-Orient de Reporters sans frontières (RSF), après la mort de trois journalistes tués dans la nuit de jeudi à vendredi dans une frappe israélienne à Hasbaya au sud du Liban. Il s’agit d’un caméraman Ghassan Najjar, d’un ingénieur de radiodiffusion, Mohammad Reda, de la chaîne pro-iranienne Al Mayadeen, ainsi que la vidéo journaliste Wissam Qassem qui travaillait pour la chaîne du Hezbollah Al-Manar.
Selon le ministre de l’Information libanais, Ziad Makari, 18 journalistes représentant sept médias étaient présents dans la résidence visée en pleine nuit. « D’après les premières informations que nous avons, il y avait des voitures siglées ‘presse’ garées à l’extérieur », souligne Jonathan Dagher. Les journalistes étaient « clairement identifiables » et la frappe était « isolée ». « Il n’y a pas eu de frappes autour ou dans le village », affirme le responsable de RSF. « Il s’agit vraisemblablement d’une frappe ciblée contre la presse et donc crime de guerre », déclare Jonathan Dagher. « Bien sûr que nous allons enquêter », ajoute-t-il.
« Un crime de guerre »
Il rappelle qu’à Gaza, « plus de 140 journalistes ont été tués depuis le 7 octobre par l’armée israélienne ». Il estime que pour au moins « 34 journalistes », RSF a « assez d’informations et d’éléments pour montrer qu’il s’agit vraisemblablement d’un ciblage ou qu’ils ont été tués dans l’exercice de leurs fonctions ». « Le ciblage des journalistes constitue un crime de guerre », insiste-t-il.
Soit les journalistes « étaient clairement identifiables », soit « ils ont été touchés par des snipers ou des drones qui sont des armes de cible » ou parfois « les journalistes avait reçu des menaces avant », ce sont ces éléments sur lesquels RSF s’appuie pour ses enquêtes.
Jonathan Dagher pointe aussi le fait que depuis le 7 octobre, la bande de Gaza « est complètement fermée aux journalistes qui souhaitent rentrer de l’extérieur », la presse étrangère n’a pas le droit d’accéder à l’enclave. « Avec ce bilan sans précédent de journalistes tués, les journalistes qui continuent de travailler le font dans une situation très, très dangereuse ».