Cette question est au cœur de vifs débats chez les alliés de Kiev. La région de Kharkiv est la cible d’une offensive de l’armée russe depuis plusieurs semaines, qui met l’armée ukrainienne à rude épreuve.
Joe Biden s’y refusait jusqu’ici. Mais le locataire de la Maison Blanche a finalement offert la possibilité à l’Ukraine de frapper des cibles sur le sol russe, sous certaines conditions. « Le président a donné pour mission à son équipe de faire en sorte que l’Ukraine puisse contre-attaquer dans la région de Kharkiv, de manière à riposter lorsque les forces russes les attaquent ou se préparent à les attaquer », a déclaré un responsable américain, jeudi 30 mai, sous couvert d’anonymat.
« Notre position d’interdiction de l’utilisation d’ATACMS ou de frappes en profondeur à l’intérieur de la Russie n’a pas changé », a-t-il ajouté. Les ATACMS sont des missiles de longue portée fournis par les Américains à l’Ukraine, pouvant aller jusqu’à 300 km de distance. Kharkiv, dans l’est de l’Ukraine, est la cible quasi-quotidienne de bombardements. La Russie a lancé début mai une offensive dans la région, et gagne du terrain face à une armée ukrainienne en difficulté.
Plusieurs semaines de tractations
Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, mercredi, avait laissé entendre que les Etats-Unis avaient infléchi leur position en termes de frappes ukrainiennes sur le sol russe. « Alors que les conditions ont changé, alors que le champ de bataille a changé, alors que la Russie a modifié la manière de conduire son agression, nous nous sommes adaptés et ajustés et je suis convaincu que nous continuerons de le faire », avait-il dit à la presse lors d’une visite en Moldavie, pays voisin de l’Ukraine.
Ce revirement présidentiel intervient après des semaines de tractations en coulisses entre la Maison Blanche, des hauts responsables de l’armée et du Département d’Etat. Après le lancement de l’offensive russe dans la région de Kharkiv, le 10 mai, l’Ukraine avait demandé trois jours plus tard la permission d’utiliser des armes américaines pour frapper des cibles sur le territoire russe. Le Kremlin, pour sa part, reproche à l’alliance atlantique de lancer « un nouveau cycle d’escalade ».