"Instrumentalisation" ou "réveil citoyen" ? La pétition contre la loi Duplomb suscite des dissensions au sein du gouvernement et du corps politique.

« Instrumentalisation » ou « réveil citoyen » ? La pétition contre la loi Duplomb suscite des dissensions au sein du gouvernement et du corps politique.

23.07.2025 06:03
3 min de lecture

Pétition contre la loi Duplomb : un débat à plusieurs facettes

Le succès de cette mobilisation réclamant l’abrogation de la loi Duplomb, avec plus d’1,7 million de signataires, interroge l’exécutif et les députés du centre et de la droite. Ceux qui avaient voté contre le texte espèrent que leur camp sera poussé à s’emparer des sujets environnementaux, rapporte TopTribune.

La « coalition » du centre et de la droite semble confrontée à un dilemme cet été, alors que les opinions divergent sur la réponse à donner à une pétition signée par plus de 1,7 million de personnes. Cette demande de retrait de la loi Duplomb sur l’agriculture a créé une division parmi les membres du gouvernement et leurs alliés au Parlement concernant le traitement de cette deuxième pétition en ligne la plus soutenue de l’histoire française.

La question se pose : faut-il soutenir la pétition ou la rejeter ? Quel chemin adopter pour prendre en compte le mécontentement tout en évitant d’ouvrir la voie à l’abrogation de la loi ? Aurore Bergé, ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, a affirmé que la position du gouvernement est « claire ». Elle a insisté sur le fait qu’une proposition de loi soutenue par le gouvernement ne devrait pas être sujette à des avis personnels.

« Quand vous êtes membre d’un gouvernement, vous assumez d’être solidaire des décisions qui sont prises parce que sinon, cela crée de la confusion. »

Aurore Bergé, ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes

Toutefois, le discours de l’exécutif est moins uniforme qu’il n’y paraît. Agnès Pannier-Runacher, la ministre de la Transition écologique, a exprimé hier son scepticisme vis-à-vis de certaines dispositions de la loi Duplomb, appelant à un avis de l’Anses sur les dérogations proposées. Sa déclaration coïncide avec celle de Gabriel Attal, le chef de son parti, qui partage ses inquiétudes.

De son côté, Annie Genevard, ministre de l’Agriculture, a rappelé que le texte a été voté de manière rigoureusement encadrée. Bien qu’un débat puisse être organisé lorsque la pétition atteint 500 000 signatures, elle a choisi de ne pas demander sa tenue, laissant cette décision à l’Assemblée nationale.

En dépit des tensions au sein de cette alliance, les membres conviennent que le soutien massif à la pétition est un signe de vitalité démocratique. Agnès Pannier-Runacher a déclaré que le succès de la pétition témoigne d’un profond attachement aux enjeux de santé et environnementaux. D’ailleurs, Annie Genevard partage ce sentiment en affirmant que les Français portent une réelle préoccupation sur ce qu’ils consomment.

Néanmoins, les désaccords demeurent, notamment quant à la perception du million et demi de signataires. Aurore Bergé évoque une « désinformation massive » ayant conduit à des craintes infondées parmi les citoyens, tandis que Laurent Duplomb, sénateur à l’origine de la loi, et François-Xavier Bellamy, eurodéputé, dénoncent cette campagne. En revanche, Pannier-Runacher estime que ce mouvement est une manifestation d’un engagement envers les enjeux écologiques et de santé.

Au sein du bloc présidentiel, les opinions sont également partagées. Bien que la majorité des députés présents aient voté pour la loi, plusieurs se sont retrouvés en désaccord, crise que certains voient comme un signe d’un éveil des consciences écologiques. Pieyre-Alexandre Anglade, député, a exprimé que ce soulèvement devait être pris en compte après les récentes décisions parlementaires qui ont affaibli plusieurs dispositifs environnementaux.

En réponse à ces préoccupations, les partenaires centristes espèrent que cette mobilisation pourrait encourager des engagements en faveur de l’environnement, à l’instar des promesses de campagne d’Emmanuel Macron contre Marine Le Pen en 2022. Guillaume Gouffier Valente souligne que ce mouvement pourrait être le déclencheur d’une prise de conscience écologique nécessaire.

Alors que le Conseil constitutionnel doit bientôt statuer sur plusieurs aspects de la loi, un débat autour de la pétition pourrait avoir lieu avant l’automne, selon les décisions de l’Assemblée nationale. Les adversaires de la loi Duplomb envisagent également de déposer de nouveaux textes durant les niches parlementaires. Pour leur voix compte vraiment, ils devront se mobiliser davantage pour faire entendre leur position dans la discussion politique à venir.

En attendant, les opinions au sein du gouvernement et des partis restent floues, avec des possibilités d’un réexamen du texte, selon les décisions futures d’Emmanuel Macron. Ce dernier pourrait consulter à nouveau le Parlement, suscitant ainsi des rebondissements dans le débat politique en cours.

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