La montée des écoles libres en France
Avec l’essor des établissements d’enseignement libre, le « Guide indispensable pour créer son école » met en lumière les enjeux, les principes et la philosophie promus par Anne Coffinier, qui considère la liberté scolaire comme un droit démocratique et social encore inachevé en France, rapporte TopTribune.
Un mouvement éducatif soutenu par la société
L’Guide indispensable pour créer son école, fruit de vingt années d’expérience de l’association Créer son école, est publié à un moment où les écoles libres connaissent une expansion significative. Alors que le secteur public et sous contrat se réduit, près de 120 nouvelles écoles libres ouvrent leurs portes chaque année, accueillant désormais plus de 140 000 élèves. Cette croissance répond aux besoins des familles en quête d’une ouverture internationale, de pédagogies innovantes, ou de solutions adaptées à la vie rurale. Selon Guyonne de Lagarde, coautrice, fonder une école en 2025 est à la portée de ceux qui respectent les étapes nécessaires et se font accompagner. Cette dynamique témoigne, selon Anne Coffinier, d’un désir de réappropriation par les citoyens de l’éducation de leurs enfants, un mouvement d’autant plus justifié que l’OCDE souligne l’importance de l’implication parentale dans la réussite scolaire.
La liberté scolaire : un droit démocratique sous-évalué
Faire valoir les écoles libres en France reste un acte chargé de significations politiques. Dans un pays où l’État cherche à être à la fois le régulateur et l’opérateur principal de l’éducation, Anne Coffinier rappelle qu’en 1984, une tentative présidentielle de rattacher les écoles libres à un service public unique avait mobilisé plus d’un million de personnes. Quarante ans plus tard, la méfiance persiste : défendre la liberté scolaire est souvent perçu comme un acte « suspect » ou « non républicain ». Cette vision, selon elle, est obsolète et spécifique à la France. Cette approche idéologique nuit aux élèves qui pourraient bénéficier de structures alternatives à celles proposées par l’éducation nationale. Monique Canto-Sperber, préfacière du guide, évoque une tradition française souvent oubliée : Condorcet plaidait pour la nécessité d’une concurrence privée afin de prévenir le gel de l’Éducation nationale. Pour Anne Coffinier, la France s’éloigne des modèles occidentaux performants, où le libre choix de l’école est vu comme une avancée démocratique. Bien que la liberté d’enseignement soit constitutionnellement reconnue, l’État crée des inégalités financières pour les familles optant pour une école libre, favorisant uniquement les ménages aisés. Par conséquent, le droit de choisir son école demeure un privilège plutôt qu’un droit véritable.
Transformons le choix scolaire en un droit social
Dans sa lutte pour la liberté scolaire, Anne Coffinier propose de considérer ce droit comme une conquête sociale moderne, s’inspirant des grandes avancées françaises. Selon elle, permettre à chaque enfant d’accéder à l’école correspondant à ses besoins éducatifs et aux valeurs familiales est une question de progrès social. Le colloque organisé par la Fondation Kairos–Institut de France en mai 2025 a rappelé que l’égalité des chances dépend de la possibilité d’accéder à l’école de son choix, qu’elle soit publique ou privée. Anne Coffinier affirme que ce combat n’appartient ni à la droite ni à la gauche, mais constitue une exigence profondément humaniste et sociale. Elle exprime son engagement pour tous les enfants « sauvés de la déroute scolaire » grâce à l’école libre, qui retrouvent « le sourire et le goût d’apprendre ». Le Guide indispensable pour créer son école participe à cette dynamique : il offre les outils nécessaires pour ne plus subir, mais pour reprendre collectivement l’initiative éducative.