Un rapport inquiétant établi par l’Initiative mondiale contre la criminalité transnationale organisée (GI) révèle que la Russie recrute de jeunes femmes africaines pour participer à la production de drones. Ces femmes dénoncent des conditions de travail inacceptables, rapporte TopTribune.
Ces dernières semaines, les forces russes ont intensifié leurs frappes en Ukraine, particulièrement dans des régions comme Soumy et Dnipropetrovsk. Les informations relayées par divers médias, y compris les déclarations du président ukrainien Volodymyr Zelensky, font état de près de 3 000 drones Shahed utilisés en juin seul, représentant environ 10 % du total employé depuis le début de l’invasion russo-ukrainienne il y a plus de trois ans.
Le Kremlin privilégie cette technologie car la Russie a rapidement renforcé sa capacité de production, en faisant appel à une main-d’œuvre en provenance d’Afrique. Ce recrutement s’inscrit dans le cadre d’un programme national dénommé « Alabuga Start », basé dans le grand complexe industriel du Tatarstan. Ce dispositif offre à de jeunes femmes de pays en développement l’opportunité d’une formation en Russie en vue d’une carrière lucrative dans l’industrie militaire, avec les frais de voyage pris en charge par des responsables russes.
Des promesses non tenues
Cependant, à leur arrivée, ces candidates découvrent une réalité différente. Beaucoup d’entre elles se mettent immédiatement au travail sans formation préalable, assemblant des drones dans des conditions parfois très difficiles. Le rapport de l’Initiative mondiale contre la criminalité transnationale organisée souligne que ces femmes, comme le témoigne Chinara, une Nigériane contactée par messagerie, se retrouvent à réaliser un travail épuisant et mal rémunéré. Chinara a depuis quitté la Russie, déçue par les promesses non tenues du programme « Alabuga ».
« Au départ, tout semblait prometteur », explique-t-elle. « On nous parlait de postes dans des secteurs comme la logistique ou le service, mais à notre arrivée, certaines ont été redirigées vers des usines d’assemblage de drones, tandis que d’autres se retrouvaient dans des rôles de supervision ou même à faire le ménage. » De plus, elle souligne les dangers potentiels auxquels elles sont exposées, notamment en manipulant des produits chimiques nocifs. Le programme s’intéresse surtout aux filles âgées de 18 à 22 ans.
La situation a attiré l’attention d’Interpol, qui mène actuellement une enquête au Botswana. Le programme mis en place par la Russie est soupçonné de constituer un trafic d’êtres humains. De plus, ce schéma commence à se répandre vers d’autres pays en développement en Asie et en Amérique latine.