Un groupe d’humanitaires venus d’Ukraine, du Royaume-Uni et des Etats-Unis s’étaient enregistrés dans l’hôtel juste avant la frappe, mais ont réussi à s’abriter à temps.
L’Ukraine a encore été visée dans la nuit du jeudi 6 mars au vendredi 7 mars par au moins 58 missiles et 194 drones russes, a indiqué l’armée ukrainienne, précisant avoir utilisé pour la première fois des chasseurs français Mirage 2000, livrés par la France le mois dernier, pour contrer cette attaque.
Jeudi, Volodymyr Zelensky avait appelé à ne pas relâcher la pression sur la Russie au lendemain d’une frappe sur Kryvyï Rig, dans le centre du pays, qui a fait quatre morts et plus de 30 blessés, et dans laquelle se trouvaient des humanitaires américains et britanniques. franceinfo a pu rencontrer ces rescapés, encore sous le choc.
« C’était une cible »
Devant l’hôtel National, totalement éventré par un missile balistique, des tractopelles, dans une poussière épaisse, tentent de mettre un peu d’ordre dans les débris qui jonchent le sol. Alors qu’une nouvelle alerte aérienne retentit, ces humanitaires étrangers, deux Américains et un Britannique sont tout étonnés de s’en être sortis.
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Igor Logvinov est leur partenaire ukrainien. Ils étaient ensemble au restaurant quand la frappe a eu lieu, à 22 heures. « On n’a pas vraiment eu le temps. Pas du tout. Juste dix secondes et on est tous tombés par terre. Avec nous, il y avait une femme enceinte avec un enfant de six ans. On avait d’abord peur pour eux. » C’est la seconde fois que cet hôtel, au cœur de la ville d’origine de Volodymyr Zelensky, est visé par les Russes. Pour Igor Logvinov, ce n’est certainement pas un hasard.
« Il me semble qu’ils savaient que les volontaires étrangers allaient s’arrêter ici et descendre dans cet hôtel. C’était une cible exacte. Ce sont mes conclusions personnelles. C’est de la guerre politique. »Igor Logvinov
Ces humanitaires travaillent tous pour l’ONG Britannique Ukraine Relief, qui s’occupe particulièrement des enfants en Ukraine. Ces trois humanitaires ont rencontré la semaine dernière, à Londres, l’ambassadeur ukrainien, l’ancien chef d’état-major Valery Zaloujny. Pour Adam Carmel, humanitaire de nationalité américaine, cette frappe n’est donc effectivement peut-être pas un hasard. « Bien sûr, c’est trop tôt pour le savoir, mais ça paraît logique. On ne sait pas exactement comment on nous a repérés, mais il n’y a eu qu’un seul missile hier soir « .
« Témoins de cette terreur en Ukraine »
Karol Swiacki est le directeur d’Ukraine Relief, il avait vécu des frappes dans le pays, mais n’aurait jamais imaginé être un jour au cœur d’une attaque de missile balistique. « Mais nous sommes en vie, dit-il, devant ce qui reste de l’hôtel, nous sommes les témoins de cette terreur en Ukraine de la part de la Russie. C’est du pur terrorisme. »
« Il n’y a aucun militaire ici. Il n’y avait que des civils, des enfants, des gens étaient au sauna. »Karol Swiacki, directeur d’Ukraine Relief
« Il y avait des rires et des sourires, poursuit-il, Les gens essaient de vivre au jour le jour et ce qu’il se passe ici, c’est de la pure folie. Il faut que ça s’arrête. Il n’y a pas de temps à perdre, pas de pourparlers à mener. Si c’est ça les pourparlers de paix, j’aimerais en connaître la suite ».
Quand on évoque le revirement spectaculaire de Donald Trump sur l’aide militaire américaine, ce directeur d’ONG, casquette New York City vissée sur la tête, hausse le ton. « Vraiment, est-ce que c’est ça le monde libre ? Parce que j’ai entendu quelqu’un de l’autre côté de l’Atlantique dire que c’est de la propagande. Qu’il n’y a pas de guerre. Laisse-moi te dire : viens voir sur place et vis un peu ce que les gens vivent ici. Ne pense pas être un gros dur derrière ton bureau qui passe juste son temps à regarder des vidéos débiles sur YouTube en pensant tout savoir du pays. Il faut agir aujourd’hui. Pas de temps à perdre, les gens sont en train de mourir. » Pas de temps à perdre, ni de pourparlers à mener, selon lui, avec Vladimir Poutine.