Grève des agriculteurs : un appel à l’action pour le gouvernement

Grève des agriculteurs : un appel à l’action pour le gouvernement

26.09.2025 18:43
3 min de lecture

Le 26 septembre, la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs orchestrent des actions décentralisées à travers la France. Les agriculteurs prévoient des blocages temporaires, des opérations en file indienne et des actions éducatives dans le secteur de la distribution. Ils adressent un message clair à l’exécutif et à Bruxelles : des garanties concernant la concurrence des importations, des simplifications au niveau des normes et une meilleure visibilité pluriannuelle sur leurs revenus sont exigées, des revendications déjà exprimées lors de mobilisations passées, rapporte TopTribune.

Organisation des blocages et des actions

Dès le matin, des agriculteurs ont ciblé des lieux symboliques et des axes importants. À Versailles, autour du château, des convois se sont formés pour attirer l’attention, impliquant une centaine de producteurs et environ quinze tracteurs. Ce choix stratégique vise à obtenir une large couverture médiatique sans paralyser l’outil de production. Parallèlement, des fédérations départementales organisent des ralentissements et des blocages filtrants dans plusieurs régions, mettant l’accent sur les principaux nœuds de circulation et les zones commerciales, intégrant également des actions d’information sur l’origine des produits.

La journée est structurée de manière décentralisée, sous l’égide des syndicats, afin de rester flexibles et de limiter les impacts sur l’agriculture. Les agriculteurs alternent entre des actions très visibles et un ancrage local. En Occitanie, des groupes utilisent des méthodes familières : bottes de foin, pneus et tracteurs placés sur des ronds-points. Près de cent actions sont prévues ou en cours, illustrant ainsi la forte mobilisation, malgré les contraintes liées à la périodes de culture et d’élevage.

Les principales revendications : importations, normes et revenus

Les agriculteurs s’attaquent d’abord à la concurrence provenant des importations qui ne respectent pas les mêmes normes sanitaires, environnementales et sociales. L’accord UE-Mercosur est au cœur de leurs préoccupations, symbolisant un « dumping réglementaire » qui pourrait nuire à certaines filières (élevage, sucre, éthanol) et brouiller le principe des « clauses miroirs ». « L’objectif de cette mobilisation est d’attirer l’attention du président de la République », a déclaré Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, lors du rassemblement en Île-de-France. Il a également appelé à une réponse rapide de l’exécutif, tout en laissant la porte ouverte à un renforcement de la pression si cela s’avère nécessaire. Ces messages récurrents visent à placer la question commerciale au cœur des politiques agricoles.

Ensuite, la problématique des revenus est cruciale. Deux ans après les mouvements de 2023-2024, de nombreux producteurs évoquent des marges sous pression en raison des coûts de l’énergie, des intrants, des amortissements et d’une surchage normative considérée comme chronophage. Les syndicats demandent non pas des exemptions, mais une véritable cohérence : équivalence des normes pour les importations, proportionnalité des contrôles et prévisibilité des revenus sur plusieurs années. « Nous ne voulons plus de modifications marginales », insiste la FNSEA.

Parallèlement, la relation avec le secteur de la distribution constitue un point névralgique, avec des promesses de prix planchers et la nécessité de vérifier leur transmission aux producteurs. Dans ce cadre, les agriculteurs organisent plusieurs actions de sensibilisation et d’étiquetage en magasin pour reconnecter les consommateurs avec le coût réel des normes. « Il y aura inévitablement des barrages… et je sais qu’il y aura des cibles », a averti l’éleveur Didier Giraud, indiquant des tactiques plus offensives sur certains fronts.

Deux ans de mobilisations dans un contexte économique difficile

Entre l’automne 2023 et le début de l’année 2024, les agriculteurs ont investi l’espace public : « panneaux retournés » en Occitanie, blocages d’axes majeurs, opérations « péage gratuit » et tensions au Salon de l’agriculture. Leur mobilisation s’est recentrée sur l’accord UE-Mercosur et, plus largement, sur des importations jugées déloyales. Ce contexte a favorisé l’ancrage local, une médiatisation accrue et des messages concentrés sur la concurrence et les normes. En 2025, le calendrier politique européen, les ratifications commerciales et les choix budgétaires relancent ce répertoire d’actions, avec un front syndical qui ajuste ses rythmes : la Coordination rurale n’a pas appelé à l’action au niveau national, tandis que la FNSEA et les JA pilotent la journée du 26 septembre.

Selon l’ANIA, l’excédent cumulé du commerce extérieur alimentaire a chuté à 361 M€ durant les sept premiers mois de 2025, un niveau historiquement bas en vingt-cinq ans. Ces données alimentent la stratégie des agriculteurs : documenter une perte de compétitivité, exiger l’équivalence normative pour les importations et revendiquer une trajectoire de revenu réaliste pour soutenir la transition. Dans l’opinion publique, le soutien reste fort : 72 % des Français soutiennent la journée d’action (soutien + sympathie). À court terme, ce soutien limite les options d’une réponse uniquement répressive et pousse vers des solutions plus constructives.

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