Une juge d’instruction a ordonné le renvoi devant la cour criminelle départementale de Paris de Gérard Depardieu, 76 ans, pour viols et agressions sexuelles sur la comédienne Charlotte Arnould, indique l’AFP ce mardi 2 septembre 2025, rapporte TopTribune.
« Nous sommes soulagées et confiantes, ma cliente et moi. C’est une forme de vérité judiciaire pour Charlotte en attendant le procès criminel », a salué Me Carine Durrieu-Diebolt, avocate de la plaignante.
L’acteur, qui évoque une relation consentie, est mis en examen depuis le 16 décembre 2020 dans le cadre de cette instruction. En plus de cette procédure, Gérard Depardieu fait face à plusieurs accusations de violences sexuelles. Nous faisons le point sur les enquêtes en cours, terminées ou classées sans suite.
Une plainte pour des faits remontant à 2007
Le 10 septembre 2023, la comédienne Hélène Darras a porté plainte contre l’acteur pour agression sexuelle. Elle l’accuse de lui avoir mis « une main très appuyée sur [s]es fesses » en 2007, lors du tournage du film Disco.
« Il me regarde comme si j’étais un morceau de viande. Moi, j’ai une robe ultra-moulante, il me rapproche de lui par la taille, ensuite, il passe sa main sur mes hanches, sur mes fesses… », témoigne-t-elle dans le numéro de Complément d’enquête consacré à l’acteur, diffusé le 7 décembre 2023 sur France 2.
Sa plainte a été classée sans suite en janvier 2024 par le parquet de Paris, les faits ayant été jugés prescrits.
Si j’ai porté plainte, c’est parce que je ne pouvais plus me taire. Désormais, si mon témoignage permet à la justice d’avancer sur les plaintes non prescrites ou s’il peut libérer la parole d’autres victimes, voire relancer le débat sur la prescription, tout cela n’aura pas été vain.
Une plainte déposée en Espagne
La journaliste et écrivaine espagnole Ruth Baza a déposé plainte en décembre 2023 auprès de la police espagnole pour viol. Selon le quotidien La Vanguardia, les faits auraient eu lieu lors d’un entretien avec l’acteur français, le 12 octobre 1995, à Paris, pour la revue Cinemania.
Auprès de nos confrères de l’AFP, celle qui avait 23 ans à l’époque évoque « une intrusion sans aucun consentement, à aucun moment » et dit s’être sentie « paralysée » durant les faits, qui se seraient déroulés dans les locaux de l’ancienne société de production Roissy Films.
« En arrivant, il a tout jeté sur un fauteuil, la revue que je lui avais donnée et j’ai failli recevoir son casque de moto sur moi. Il était très violent et très agressif. Durant toute l’interview, il ne me regarde pas, répond à peine à mes questions avec beaucoup de tension », avait-elle confié quelques jours après le dépôt de sa plainte, au micro de RTL.
Les faits étant prescrits en France, la plainte a peu de chances d’aboutir.
Une plainte pour des faits datant de 2014
Une ancienne assistante de tournage a porté plainte contre Gérard Depardieu pour agression sexuelle le 9 janvier 2024. Les faits remontent à 2014, sur le tournage du film Le Magicien et les Siamois.
Elle dénonce des attouchements et propos obscènes de la part de l’acteur. L’enquête judiciaire a été classée sans suite le 30 avril 2024, « en raison de la prescription des faits », a informé le parquet de Paris.
J’étais préparée à cette réponse, donc je ne suis pas étonnée. C’est évidemment contrariant ces histoires de prescription quand on est victime, qu’il y a des preuves et des témoins.
« Les Volets verts » : deux plaintes pour des faits remontant à 2012
Le 25 février 2024, Mediapart révèle l’existence d’une nouvelle plainte à l’encontre de l’acteur pour agression sexuelle, harcèlement sexuel et outrages sexistes, déposée deux jours plus tôt par une décoratrice. Cette dernière dénonce des faits survenus en 2012, sur le tournage du film Les Volets verts.
Selon le site d’investigation, une seconde plainte est déposée le 21 mars 2024 par une assistante réalisatrice, qui travaillait sur ce même tournage, pour agression sexuelle.
Pour ces faits, l’acteur a été condamné à 18 mois de prison avec sursis pour agressions sexuelles en mai dernier. Le tribunal correctionnel a, en outre, prononcé une peine d’inéligibilité de deux ans et son inscription au fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes. L’acteur a fait appel de la décision.
D’autres accusations et une enquête après un suicide
Au cours d’une enquête de plusieurs mois, Mediapart a publié en avril 2023 les témoignages de 13 femmes qui accusent Gérard Depardieu de violences sexuelles, notamment lors de 11 films sortis entre 2004 et 2022.
En plus de ces plaintes, la justice enquête sur le suicide de l’actrice Emmanuelle Debever, qui avait accusé l’acteur français de violences sexuelles, notamment dans un post Facebook datant de 2019.
Elle est décédée après avoir sauté dans la Seine, le 7 décembre 2023, jour de la diffusion du Complément d’enquête consacré à l’acteur. Une enquête pour « rechercher les circonstances ayant pu conduire à ce décès » a été ouverte peu après.
« Jamais au grand jamais je n’ai abusé d’une femme », avait déclaré Gérard Depardieu dans une lettre ouverte publiée dans Le Figaro le 2 octobre 2023.