Gaza, Liban, Iran : Les mécanismes de financement des guerres israéliennes et l'attitude des pays du Golfe face à la situation.

Gaza, Liban, Iran : Les mécanismes de financement des guerres israéliennes et l’attitude des pays du Golfe face à la situation.

19.06.2025
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Lors de la présentation du budget de l’État hébreu pour 2025 en septembre dernier, Bezalel Smotrich, ministre des Finances d’extrême droite, a souligné que la nation traverse « la guerre la plus longue et la plus coûteuse de son histoire ». Il a ajouté que l’État poursuivra cet effort jusqu’à la victoire, affirmant qu’il n’y avait pas de sécurité sans économie, rapportent TopTribune.

Avec les attaques du Hamas le 7 octobre 2023, Israël s’est trouvé engagé dans trois conflits : celui en cours à Gaza, un autre au Liban en 2024, et une guerre contre l’Iran. Ces hostilités impliquent également des dépenses considérables pour la défense, y compris l’interception de missiles et de drones.

Le coût direct des conflits en cours à Gaza et au Liban, d’ici fin 2024, est évalué par la Banque d’Israël à plus de 42 milliards d’euros, ajoutant environ 7,5 milliards d’euros de pertes de recettes fiscales, selon Michael Ben-Gad, professeur d’économie. Dans ce total, les coûts militaires immédiats atteignent près de 30 milliards d’euros.

Pour l’année actuelle, la banque centrale estime que le coût dépasse les 21 milliards d’euros. En parallèle, le conflit avec l’Iran, qui a éclaté récemment, coûterait à Israël environ 630 millions d’euros par jour, selon un ancien responsable de la Défense.

De manière plus générale, la Banque d’Israël anticipe que l’ensemble des efforts de guerre engendrera des coûts supérieurs à 62 milliards d’euros entre 2023 et 2025, comprenant les dépenses militaires, civiles et les pertes fiscales.

Armements, réservistes et impact sur l’économie israélienne

Ces chiffrages offrent un aperçu des montants considérables investis par Israël, bien que, comme le fait remarquer Nadine Baudot-Trajtenberg, économiste et ancienne sous-gouverneure de la Banque d’Israël, ces évaluations demeurent complexes.

La majeure partie des dépenses se concentre sur les « coûts budgétaires », englobant les achats d’armements et les réservistes. Environ 360 000 réservistes ont été mobilisés dès octobre 2023, chaque coûtant près de 250 euros par jour. Sur une période de deux ans, ces réservistes représenteraient un coût potentiel de 55,5 milliards d’euros.

En examinant les dépenses de défense en pourcentage du PIB, on note qu’elles ont doublé, passant de 4,5% à 9% en 2024, selon Baudot-Trajtenberg.

S’en suivent les dépenses ayant un « impact sur l’économie », où l’activité économique s’avère moins dynamique que prévu, notamment dans le secteur du tourisme et de la construction, ce dernier dépendant significativement des travailleurs palestiniens. Près de 150 000 de ces travailleurs ont vu leur permis suspendu après le 7 octobre.

Ces frais engagés ont causé une perte de croissance pour l’économie israélienne, estimée à environ deux ans de stagnation. Michael Ben-Gad précise que l’économie israélienne souffre d’un déficit de 4% par rapport à son potentiel de croissance pré-octobre 2023.

Soutien américain et « très forts coussins d’absorption de chocs »

Pour couvrir ces lourdes dépenses militaires et civiles, Israël a recours à plusieurs sources de financement. Sur les marchés, depuis le début du conflit à Gaza, Israël a levé près de 90 milliards d’euros, dont la majorité provient de la finance locale, tandis qu’environ un quart provient de financements internationaux.

Heureusement, la situation économique d’Israël n’était pas trop précaire avant le début de la guerre. Comme le souligne Nadine Baudot-Trajtenberg, « le pays était bien préparé », avec une dette publique relativement faible à 63% du PIB, d’importantes réservesmonétaires étrangères et un compte courant positif depuis plus de 20 ans. Cela place Israël en position de créancier sur le marché mondial.

Le pays a également émis des obligations d’État, attirant des milliards de dollars de gouvernements et de collectivités américaines vers Israël, selon le Consortium international des journalistes d’investigation.

Les États-Unis, eux aussi, jouent un rôle crucial en fournissant une aide militaire substantielle. Au cours d’une année (du 7 octobre 2023 au 30 septembre 2024), Washington alloue au moins 22,76 milliards de dollars en aide militaire.

Israël s’appuie également sur ses recettes fiscales, notamment l’impôt sur le revenu et la TVA, qui pourraient rapporter environ 60 milliards d’euros et 42 milliards d’euros respectivement. Toutefois, la classe politique israélienne est divisée sur ces questions. Alors que le ministre des Finances envisage une augmentation des impôts et de la TVA en 2025 pour compenser les dépenses militaires croissantes, certains redoutent que cela n’affecte la pérennité du secteur public.

Fin mai, Karnit Flug, ancienne gouverneure de la Banque d’Israël, a averti que la détérioration des services publics pouvait potentiellement entraîner un effondrement du système public, affectant la qualité des soins de santé, de l’éducation et des infrastructures dans le pays.

* Tous les montants exprimés en shekels et en dollars par nos experts ont été convertis en euros.

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