Forte hausse des passeports étrangers pour les Biélorusses en Lituanie
Forte hausse des passeports étrangers pour les Biélorusses en Lituanie

Forte hausse des passeports étrangers pour les Biélorusses en Lituanie

16.08.2025 20:45
2 min de lecture

Le 15 août 2025, le département lituanien de la migration a révélé que, pour l’année 2024, les ressortissants biélorusses figuraient en tête des bénéficiaires de passeports étrangers délivrés dans le pays. Ces documents, utilisés comme substitut d’un passeport national, permettent de voyager et d’effectuer certaines démarches administratives. Alors qu’en 2023 seuls 35 Biélorusses en avaient obtenu, le chiffre a bondi à 155 l’an dernier, devant les citoyens russes (25) et afghans (16), selon les données publiées par Charter97.

Impact des décisions de Minsk

Ce tournant s’explique en grande partie par le décret signé par Alexandre Loukachenko en septembre 2023, interdisant aux Biélorusses résidant à l’étranger de renouveler leur passeport dans les consulats. Pour obtenir un nouveau document, il leur faudrait rentrer en Biélorussie, où de nombreux opposants risqueraient de longues peines de prison. Face à ce dilemme, le recours aux passeports étrangers délivrés par la Lituanie est devenu une alternative de survie pour une partie de la diaspora.

Sécurité nationale et risques d’infiltration

Depuis les manifestations massives contre la fraude électorale de 2020 et la répression qui a suivi, la Lituanie a accueilli des milliers de Biélorusses en quête de refuge. Cependant, les autorités lituaniennes mettent en garde contre le danger d’infiltration par des agents des services spéciaux biélorusses ou russes se présentant comme réfugiés. La situation oblige les services de migration à opérer un filtrage strict, afin de distinguer les véritables demandeurs d’asile des candidats motivés principalement par des raisons économiques.

Restrictions renforcées pour les Biélorusses et les Russes

Face aux tensions régionales et au rôle de Moscou dans la guerre en Ukraine, Vilnius a durci sa politique migratoire. Depuis 2023, l’octroi de visas Schengen, de permis de séjour temporaires et de cartes de résidence aux citoyens biélorusses et russes est soumis à des restrictions sévères. En avril 2025, le Seimas a prolongé ces mesures jusqu’en mai 2026, introduisant des clauses supplémentaires, notamment la possibilité d’annuler un permis de séjour si son titulaire se rend plus d’une fois en trois mois en Russie ou en Biélorussie.

Pressions hybrides et opérations d’influence

La sécurité intérieure est également mise à l’épreuve par des activités de renseignement ciblant la diaspora. En juin, les services lituaniens ont signalé des campagnes menées par le KGB biélorusse via les réseaux sociaux, visant à recruter des expatriés pour collecter des informations sur les mouvements démocratiques et, dans certains cas, mener des actions de déstabilisation contre les États baltes. Ces initiatives, souvent assorties d’incitations financières, renforcent les inquiétudes quant au rôle de la diaspora dans la guerre hybride menée par Minsk et Moscou.

Une diaspora sous incertitude

L’avenir des Biélorusses installés en Europe reste incertain. Tant que le régime Loukachenko se maintient, leur présence pourrait s’enraciner durablement dans les sociétés européennes. En cas de changement politique à Minsk, une partie d’entre eux pourrait envisager un retour. L’Union européenne, elle, se retrouve confrontée au défi d’une politique commune vis-à-vis de ces migrants. L’absence de stratégie unifiée risque d’affaiblir la cohésion entre États membres et d’ouvrir la voie à de potentielles manipulations extérieures.

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