Euro 2024 de football : le secret qui fait gagner l'équipe de Suisse vient de Reims
Euro 2024 de football : le secret qui fait gagner l'équipe de Suisse vient de Reims

Euro 2024 de football : le secret qui fait gagner l’équipe de Suisse vient de Reims

01.07.2024
4 min de lecture

Une entreprise de Reims (Marne) a développé une gamme de soins basés sur la cryothérapie (traitement par le froid) et destinés notamment aux sportifs : les appareils sont embarqués à bord d’un camion. Il a fait route jusqu’à Stuttgart, en Allemagne, où est stationnée la sélection suisse évoluant au championnat d’Europe de football de 2024.

Il va faire un peu froid, mais il ne faudra pas mettre de petite laine. Car lorsqu’on bénéficie de la cryothérapie, c’est le froid qui permet d’agir sur les douleurs ou la récupération physique.

La sélection suisse au championnat d’Europe de football (Euro) de 2024 est actuellement basée à Stuttgart (Land de Bade-Wurtemberg, en Allemagne). Elle en bénéficie après ses entraînements et matches. Et c’est peut-être ce qui les fait gagner : les Suisses sont qualifiés pour les quarts de finale, après avoir battu la puissante Italie au tour précédent (voir le stade sur la carte ci-dessous).

Le concept est porté par une entreprise de l’agglomération de Reims (Marne), Cryotera OTW (On The Way), fondée par les jumeaux Guillaume et Bastien Bouchet. France 3 Champagne-Ardenne en avait parlé juste avant leur participation au salon de la Franchise à Paris, mi-mars. 

Ensuite, l’équipe suisse, intéressée, s’est rapprochée d’eux pour qu’ils lui fournissent leur expertise. L’un des cofondateurs, Bastien Bouchet, nous a expliqué le principe de leurs prestations. « En 2017, on a créé un centre à Reims. On a franchisé notre concept en 2019. Aujourd’hui, on a bientôt 21 centres en activité partout en France. »

Le monde du sport en bénéficie, mais pas seulement. « On a un pôle de recherche et une grosse activité sur la santé : amélioration de la qualité de vie, réduction des douleurs. » L’entreprise travaille aussi sur les régimes alimentaires et les troubles du sommeil. « C’est vraiment un concept par le froid, en santé, dans le sport, et en esthétique. »

Tout tient dans un semi-remorque

L’entreprise a pu remarquer la présence « de sportifs de haut niveau » dans les villes où elle a ouvert des centres, en partenariat avec le Centre de ressources, d’expertise et de performance sportive (Creps). « Sauf qu’on avait des difficultés pour se mouvoir. Soit les sportifs venaient chez nous, soit ils ne venaient pas : on ne pouvait pas aller sur site. L’idée avec ce camion, c’est qu’on peut maintenant être mobile. On a donc répondu au besoin de mobilité, et on peut intervenir directement au cœur des compétitions. C’est pour ça qu’on nous appelle, c’est ce qu’on nous demande : une présence sur site, car c’est très rare d’avoir tout sur place en compétition. »

Le semi-remorque abrite un véritable « pôle de récupération mobile ». Il est déployé au sein du camp de base suisse, pour l’Euro 2024. « C’est le premier évènement majeur auquel on participe. » Chaque pratique est validée en amont avec l’encadrement de l’équipe. « On les a accompagnés sur l’avant-compétition, la fin de préparation, pendant la compétition avec des soins entre les matches. Ça permet de bien récupérer. L’innovation réside dans le fait qu’on a réussi à intégrer dans ce dispositif : une chambre de cryothérapie électrique – ça n’existait pas à l’échelle mondiale jusqu’ici – et d’autres prestations. Pour permettre la récupération physique et agir sur les douleurs musculaires, courbatures, cicatrisation. C’est ici un outil purement dédié au sport. »

Si vous jouez dans l’équipe suisse, vous pouvez ainsi bénéficier d’un passage dans cette chambre de cryothérapie, mais aussi d’une photobiomodulation (thérapie laser) ou d’une infrathérapie (sauna infrarouge). « Chaque outil a ses vertus. » Ceci afin d’« accélérer la récupération : si vous récupérez plus vite, vous vous blessez moins ». Ce sont les deux objectifs prioritaires. « On va aussi travailler sur les petites déchirures musculaires pour pouvoir reprendre l’activité physique plus rapidement. » De quoi avoir « une condition physique optimale » et faciliter « la réussite des objectifs sportifs »

Le froid, des vertus reconnues

Une telle utilisation du froid n’est pas sortie de nulle part. « Le PSG a une chambre de cryothérapie électrique. Marseille aussi. Tous les clubs anglais en ont une… C’est donc assez reconnu. En France, l’Insep [Institut national du sport, de l’expertise, et de la performance; NDLR] a été le premier centre à avoir une chambre de cryo’. Et l’ancêtre de cette chambre, c’est le bain froid des rugbymen, quand on les voyait se mettre une poubelle remplie d’eau. » Cryotera, elle, dispose notamment d’une telle chambre dans son centre de Bezannes, en banlieue de Reims.

Si vous avez une bosse, vous mettez un glaçon.Bastien Bouchet, co-fondateur de Cryotera

« On connaît tous le principe du froid, ses vertus anti-inflammatoires. Si vous avez une bosse, vous mettez un glaçon. Si on a mal aux jambes, on peut se mettre sous l’eau froide dans la douche. Le froid permet d’optimiser la circulation sanguine. » On parle de vasoconstriction, qui n’est pas qu’un mot qu’on aimerait bien placer au Scrabble. « Et les technologies se sont améliorées au fil des années, ça agit sur tout le corps et il n’y a pas d’azote, donc pas de risque de brûlure. On travaille sur l’ensemble du corps, des cervicales aux chevilles. » Des études scientifiques sur la cryothérapie sont publiées par « le pôle de recherche français, un organisme médical, et un centre de formation agréé par l’État »

Guillaume et Bastien Bouchet, les jumeaux rémois à l'origine de Cryotera.
Guillaume et Bastien Bouchet, les jumeaux rémois à l’origine de Cryotera. • © Cryotera

Cette utilisation du froid, « pour les douleurs et la circulation, est connue et utilisée par le commun des mortels. Elle a été poussée avec des technologies plus poussées et abouties, assez chères. Ça explique qu’aujourd’hui, ça ne soit pas très développé dans le secteur du sport amateur, par exemple. » Le matériel mobile « vaut entre 250 000 et 300 000 euros, avec le semi-remorque ». Ce qui explique que la concurrence ne se soit pas encore vraiment emparée du concept. « C’est une barrière : il a fallu franchir des verrous technologiques en réussissant à tout mettre sur une petite surface, rendre ça mobile, que ça fonctionne… C’était tout un enjeu technologique de recherche et développement. » 

« Un tel investissement n’est pas non plus accessible à tout le monde. C’est pour ça que des fédérations ou des sélections nationales, même avec des budgets conséquents, préfèrent faire appel à des structures comme la nôtre plutôt que de devoir investir dans ce matériel. Au final, c’est moins cher de louer. » L’entreprise utilise donc la franchise comme modèle commercial. L’exemple suisse devrait inciter d’autres structures à faire appel à Cryotera OTW. Notamment pour les Jeux olympiques (JO) de Paris 2024… 

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