Alors que Donald Trump multiplie les ultimatums envers Vladimir Poutine pour mettre fin à la guerre en Ukraine, sa stratégie soulève de nombreuses questions. Jérôme Pellistrandi, rédacteur en chef de la Revue Défense Nationale, en analyse les objectifs et les limites, rapporte TopTribune.
Celui qui promettait de mettre fin à ce conflit en un jour peine à convaincre. Depuis plusieurs mois, Donald Trump enchaîne les ultimatums, brandissant la menace des sanctions et la dissuasion nucléaire, mais sans résultats tangibles. En effet, Moscou semble inébranlable, ne montrant aucun signe de retrait.
Les ultimatums lancés par Donald Trump peuvent-ils vraiment exercer une pression sur le Kremlin ? Il est difficile de le croire. Cette approche s’apparente davantage à une escalade verbale qu’à une volonté d’agir concrètement. Trump s’adresse directement à Vladimir Poutine plutôt qu’à Dmitri Medvedev, qui joue un rôle mineur dans la hiérarchie russe. La Russie a toujours utilisé la menace nucléaire comme moyen de dissuasion, sans jamais passer à l’acte, et du côté américain, aucune action militaire significative n’a été entreprise malgré les annonces. De ce fait, l’impact de la stratégie de Trump reste très limité.
Concernant l’annonce de l’envoi de sous-marins nucléaires, cela change-t-il quelque chose ? Pas vraiment. C’est plus une démonstration de force qu’une action concrète. Les sous-marins nucléaires américains sont constamment déployés en mer. Leur fonction repose sur la discrétion et la capacité d’intervention rapide. Bien que Trump annonce publiquement cette capacité, il ne s’agit pas d’une nouveauté, mais d’une manière de durcir le ton contre Moscou, sans influencer le rapport de force.
Donald Trump pourrait-il utiliser d’autres moyens pour peser sur ce conflit ? Oui, mais ses options sont limitées. Les États-Unis possèdent des stocks d’armes considérables, comme des avions F-16, dont l’envoi en Ukraine pourrait avoir un impact militaire et politique significatif. Pourtant, l’aide américaine demeure focalisée sur des équipements défensifs, moins capables de renverser la situation sur le terrain. L’Ukraine, pour reconquérir les territoires perdues, a besoin d’un soutien massif en ressources humaines et armement. Trump, prudent dans ses déclarations, affirme que « ce n’est pas sa guerre », un message qui résonne auprès de son électorat. Ainsi, bien qu’il ait des boulons d’action, il choisit de ne pas les activer.
Cette prudence est-elle liée à son ambition d’obtenir le prix Nobel de la paix ? Certainement. Trump aspire à être reconnu comme un « faiseur de paix », mais ses réalisations sont inexistantes : ni en Ukraine, ni à Gaza, ni dans le dossier nucléaire iranien. Il serait contradictoire de lui attribuer un tel prix aujourd’hui, cela en retirerait tout son sens. Contrairement à la crise des missiles de Cuba, où les dirigeants ont fait preuve de sang-froid, nous avons actuellement deux leaders prisonniers de leur ego, entourés de personnes peu enclines à la modération. Bien que la rhétorique reste principalement verbale, le risque de dérapage demeure élevé. Donald Trump semble jouer avec cette situation, davantage pour son image personnelle que pour un réel désir de paix.