
Camille Descroix
Publié le
; mis à jour le 7 juil. 2025 à 21h30
À compter du mardi 8 juillet 2025, le président Emmanuel Macron récupère son droit de dissoudre l’Assemblée nationale, une faculté qu’il avait utilisée avec audace un an plus tôt, juste après les élections législatives qui avaient suivi une dissolution inattendue, rapportent TopTribune.
Le 9 juin 2024, peu après les résultats des élections européennes, Emmanuel Macron s’était servi d’une de ses prérogatives majeures, prévue par l’article 12 de la Constitution, entraînant une onde de choc politique.
Bien qu’il exprime le souhait de ne pas recourir à une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale avant 2027, le président n’exclut pas de réemployer cet outil constitutionnel si sa gouvernance venait à être entravée par l’opposition.
Le débat est donc ouvert sur la possibilité d’une nouvelle dissolution : quels défis attendent le chef de l’État s’il venait à opter pour ce chemin ? Explications sur actu.fr.
La dissolution, un choix risqué pour le moment
« Il est peu probable qu’une nouvelle dissolution se concrétise », évalue Ariane Ahmadi, spécialiste en communication politique et présidente du cabinet Kerman Consulting.
Une dissolution risquerait d’accentuer la déstabilisation de l’Assemblée nationale. Si des élections législatives étaient organisées à nouveau, cela pourrait bénéficier au Rassemblement national (RN) et au Nouveau Front populaire (NFP), alors que le socle commun risquerait d’en sortir encore plus affaibli.
De plus, Emmanuel Macron pourrait subir un regain d’impopularité dans l’opinion publique, estime l’experte. La dernière dissolution a en effet laissé un goût amer chez les Français, 70 % ayant jugé qu’elle avait été une erreur, selon une enquête Elabe parue pour BFMTV et La Tribune Dimanche.
La dissolution constitue un facteur de fragilisation tant pour les politiques que pour l’opinion publique. Elle engendre instabilité et confusion.
Pour le politologue Olivier Rouquan, un autre enjeu essentiel à considérer est économique. En effet, une nouvelle dissolution pourrait alourdir le coût économique déjà substantiel de cette crise. Celle du 9 juin 2024 avait, par exemple, coûté près de 200 millions d’euros aux finances publiques, un montant significatif alors que le Premier ministre cherche à identifier 40 milliards d’euros d’économies dans le futur Budget.
Une dissolution éventuelle cet automne
À la suite de l’échec des négociations sur les retraites, le Premier ministre François Bayrou a récemment échappé à une motion de censure formulée par le Parti socialiste (PS). Loin de s’associer, le RN a choisi de rester en retrait.
Toutefois, la menace d’une nouvelle motion de censure demeure présente, notamment lors de l’examen du Budget prévu à l’automne. Les députés d’extrême droite pourraient bel et bien agir cette fois.
« La censure est à l’ordre du jour cet automne, au moment des discussions budgétaires », a confirmé Sébastien Chenu, député du Nord et vice-président du RN, sur France Inter.
Ariane Ahmadi considère qu’il pourrait être plus judicieux de maintenir la possibilité de dissoudre l’Assemblée au moment des débats budgétaires. « Le président pourrait ainsi avancer un argument d’urgence » si la démission de François Bayrou devenait nécessaire dans le contexte actuel.
Dans le cas d’une censure de Bayrou cet automne, la dissolution serait perçue par l’opinion comme un acte nécessaire face à l’instabilité politique, et non comme une initiative personnelle.
« La dissolution ne peut être justifiée que si elle est perçue comme un outil démocratique », conclut l’experte.
Le RN face à son dilemme
Face à ces enjeux, le RN, tout comme pour Michel Barnier, se retrouve à jouer un rôle décisif. Toutefois, il est certain qu’une nouvelle dissolution ne pourrait pas être dans l’intérêt de la présidente du RN.
« Quel bénéfice y aurait-il pour Marine Le Pen à se présenter à nouveau devant les électeurs alors qu’elle pourrait être empêchée de le faire à cause de sa situation judiciaire ? », s’interroge le politologue Olivier Rouquan.
Actuellement, la candidate à la présidentielle fait face à l’inéligibilité suite à une décision judiciaire concernant les assistants parlementaires européens. L’organisation de nouvelles élections avant son procès en appel en 2026 lui coûterait automatiquement son poste de députée.
Face à cette incertitude, Marine Le Pen affiche une certaine tranquillité et considère qu’une dissolution serait dans « l’intérêt des Français ». Fin juin, elle exhortait déjà ses troupes à se préparer à cette éventualité en raison de l’affaiblissement parlementaire du gouvernement. Le suspens est donc maintenu pour l’automne.
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