Elections européennes 2024 : Bardella, Hayer, Glucksmann… Les défis des candidats alors que le « money time » commence
Elections européennes 2024 : Bardella, Hayer, Glucksmann… Les défis des candidats alors que le « money time » commence

Elections européennes 2024 : Bardella, Hayer, Glucksmann… Les défis des candidats alors que le « money time » commence

23.05.2024
6 min de lecture

A dix-sept jours du scrutin, la vraie campagne démarre maintenant

Les candidats aux élections européennes du 9 juin prochain battent la campagne depuis des semaines, voire des mois. Mais en vérité, c’est maintenant que ça commence. Car ces élections, les Françaises et les Français s’y intéressent très tard, et la « campagne utile » est très courte : dix jours, deux semaines maximum.

A dix-sept jours du vote (seize dans les collectivités d’outre-mer de l’Atlantique), et à l’aube de cette « campagne utile », 20 Minutes fait le point sur les principaux favoris. Si l’on en croit les sondages, sept ou huit listes peuvent espérer dépasser 5 % des voix et envoyer des députés et députées à Bruxelles et Strasbourg. Où en sont-ils ? Et quel est leur objectif pour les trois semaines qui restent ? C’est parti !

Jordan Bardella (RN) : Rester mobilisé

C’est peu de dire que Jordan Bardella, crédité de 30 à 32 % des intentions de vote, a connu une campagne tranquille jusque-là. Il a même pu se payer le luxe d’éviter les premiers débats à sept ou huit. On serait tenté de dire que pour bien finir, il lui faudra éviter les gaffes. Mais quelles gaffes ? Depuis des mois, les faux pas, les erreurs, les incohérences du RN n’ont aucun effet sur l’aiguille. Tout coule sur sa formation politique.

Le défi de Jordan Bardella est évidemment un problème de riche : éviter la démobilisation ou la dispersion d’un électorat qui pourrait comprendre que c’est déjà gagné. Mais une mauvaise surprise le jour du vote est vite arrivée : le RN l’a connue en juin 2021 lors des régionales, où il avait fait un résultat bien plus mauvais qu’anticipé.

Si le 9 juin prochain, Jordan Bardella arrive en tête avec moins (voire nettement moins) que 30 % des voix, cela pourrait être lu comme un petit échec, malgré un très bon score dans l’absolu.

Valérie Hayer (Renaissance, Modem, Horizon) : Sauver les meubles

Rendez-vous compte : vous naviguez entre 15 et 17 % dans les sondages en étant la liste unique de toute la coalition gouvernementale. C’est une campagne cauchemardesque que vivent les macronistes, sur une élection pourtant nationale et liée à ce que vous portez depuis huit ans. Le fait que le camp présidentiel ait choisi Valérie Hayer, compétente mais qui apparaît comme le 12e choix sur le banc de touche, n’aide évidemment pas. Résultat, aujourd’hui, la liste Hayer est talonnée par celle des socialistes.

Le défi de Valérie Hayer, c’est de ramener les macronistes aux urnes. Bien sûr, certains et certaines semblent avoir été séduits par Raphaël Glucksmann, mais le gros des troupes est pour le moment… à la maison. La campagne macroniste est-elle calibrée pour aller chercher les abstentionnistes ? Traditionnellement, son électorat, composé de cadres, de retraités, de catégories socioprofessionnelles supérieures, est un de ceux qui votent le plus. Sauf s’ils reviennent « naturellement » à l’approche du vote, la tâche ne sera pas simple.

Raphaël Glucksmann (PS-Place publique) : Ne pas manquer de souffle

« Il se passe un truc ». Voilà la phrase fétiche des socialistes, encore ébaubis de ce qui leur arrive dans cette campagne, mais qui ne prennent pas trop de risque de peur de se porter l’œil. L’accueil chaleureux sur les marchés, une envie de voter socialiste…, nous racontent-ils : c’est sûr, « il se passe un truc ». En quelques semaines, la liste Glucksmann, proeuropéenne bien que critique, a rallié le peloton de tête et talonne désormais la liste Hayer.

Même s’il y a du vote utile dans les 13 à 15 % annoncés de cette liste socialiste, il ne vient pas par hasard ; comme il n’était pas arrivé par hasard chez Mélenchon en 2022. C’est le résultat d’une campagne de proximité, de haute intensité, depuis des mois. Le défi de Raphaël Glucksmann, c’est donc de tenir jusqu’au 9 juin. Mais aura-t-il encore de la gomme dans le money time ?

Manon Aubry (LFI) : Obtenir une voix de plus

Manon Aubry s’est un peu fait voler sa campagne européenne. Le choix de la direction de LFI de mettre le paquet sur les massacres à Gaza, – avec notamment l’arrivée de la juriste franco-palestinienne Rima Hassan, qui a pris une grande partie de la lumière – a marginalisé la tête de liste. Elle semble avoir repris un peu de poil de la bête en insistant sur les questions sociales, notamment via un meeting avec François Ruffin. Bref, la tête de liste insoumise ne se laisse pas totalement faire. Au final, elle navigue dans les mêmes eaux sondagières qu’en 2019, entre 8 et 9 %. Mais il y a cinq ans, le soir du vote avait révélé une mauvaise surprise, avec seulement 6,3 % des voix récoltées.

Les exigences insoumises pour ces européennes de 2024 sont faibles : le seul défi de Manon Aubry, c’est de faire plus qu’en 2019. Rien que ça et les mélenchonistes pourront dire qu’ils sont en progression. Evidemment, plus Manon Aubry sera proche de Raphaël Glucksmann, mieux ça fonctionnera. Mais les européennes ne sont de toute façon pas une élection pour laquelle LFI veut miser gros.

François-Xavier Bellamy (LR) : Convaincre de son utilité

Difficile de représenter la droite traditionnelle française, dépouillée de ses voix depuis sept ans par le macronisme triomphant et l’extrême droite en fièvre. La campagne de François-Xavier Bellamy incarne cela : il met en avant qu’il fait partie du plus important et plus influent groupe au Parlement européen, le PPE, mais ne soutient pas sa candidate – Ursula von der Leyen – au poste de président de la Commission européenne.

Le défi de François-Xavier Bellamy est de taille : convaincre de son utilité au Parlement européen alors qu’il est isolé au PPE, à côté de macronistes dans une position centrale – bien que diminuée – et une extrême droite qui ne semble pas payer sa marginalisation dans les institutions européennes.

Marie Toussaint (Les Ecologistes) : Rameuter les troupes (et finir cette campagne à contre-emploi)

Dans l’ombre des plus de 13 % de Yannick Jadot en 2019, Les Ecologistes, et Marie Toussaint en tête, savaient sans doute que cette élection serait plus difficile. Peut-être pas au point d’avoir quelques gouttes de sueur sur la tempe à l’idée de ne pas dépasser la barre fatidique des 5 %. Le dernier sondage de chez Harris donne Marie Toussaint à 5 %, d’autres à 5,5 %. Ce sont certes les moins bons sondages mais c’est chaud, plus chaud que le climat.

Le défi de Marie Toussaint, c’est de convaincre tous les électeurs et électrices partis chez Raphaël Glucksmann que celui-ci est un faux allié de l’écologie, peut-être même pas vraiment de gauche. Sauf qu’à ce jeu-là, Marie Toussaint, qui n’était « pas la plus opposée » à une liste d’union de la gauche aux européennes chez les verts, sera forcément moins convaincante que des insoumis habitués à taper comme des sourds.

Marion Maréchal (Reconquête) : Assurer le coup

Pas simple d’être une candidate d’extrême droite quand le voisin caracole en tête des sondages à plus de 30 %. Pour tenter de se différencier, Marion Maréchal et Éric Zemmour y sont allés encore plus fort sur l’immigration, la sécurité et la stigmatisation des musulmans (entre autres), sans faire bouger l’aiguille.

Le défi de Marion Maréchal, c’est d’assurer le coup. Avoir des élus au Parlement européen pour un parti qui ne compte aucun parlementaire élu sous l’étiquette « Reconquête », ce sera déjà une victoire. Et un billet pour exister politiquement et médiatiquement jusqu’à la prochaine présidentielle.

Léon Deffontaines (PCF) : Incarner le mini-vote utile

Il y a quelques semaines, la tête de liste du Parti communiste affirmait être « là où il voulait être » dans les sondages avant le début de la campagne. Autour de 3,5 %, son maximum jusque-là. Sauf que depuis, il est plus proche des 2 %. Soyons clairs : le voir obtenir 5 % au soir du 9 juin serait une surprise.

Pas que Léon Deffontaines fasse une mauvaise campagne, il est même crédité de quelques bonnes performances dans les débats. Mais la ligne du PCF version Roussel ne semble tout simplement pas rencontrer le succès : 2,49 % pour Ian Brossat aux européennes de 2019, 2,28 % pour Fabien Roussel à la présidentielle de 2022.

Le défi de Léon Deffontaines, c’est l’appel au « vote utile » pour que la gauche ait 5 sièges de plus. Disons le mini-vote utile, pour lui permettre de dépasser les 5 % et que les voix portées sur sa liste ne soient pas « inutiles ». Pas facile quand le vote pour Glucksmann semble avoir pris le lead pour tenter de battre les macronistes, ou que Manon Aubry occupe le terrain de la gauche radicale.

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