Education affective et sexuelle à l'école : ce que contient la dernière version du programme prévu pour la rentrée prochaine
Education affective et sexuelle à l'école : ce que contient la dernière version du programme prévu pour la rentrée prochaine

Education affective et sexuelle à l’école : ce que contient la dernière version du programme prévu pour la rentrée prochaine

29.01.2025
4 min de lecture

Le texte doit être présenté mercredi devant le Conseil supérieur de l’éducation. Hormis des inflexions symboliques par rapport au document précédent, la philosophie du programme reste inchangée.

La troisième mouture sera-t-elle la bonne ? Le programme d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle avait été mis en suspens après la censure du gouvernement de Michel Barnier, faute de pilote à la tête du ministère de l’Education nationale. Sa dernière version doit être présentée, mercredi 29 janvier, devant le Conseil supérieur de l’éducation (CSE), instance qui rassemble syndicats et associations de parents d’élèves. La nouvelle ministre Elisabeth Borne souhaite faire entrer en vigueur ce programme à la rentrée prochaine dans les écoles, collèges et lycée, avec l’objectif de rendre obligatoire les trois séances annuelles prévues depuis 2001.

Cette troisième version du texte est, selon Elisabeth Borne, très attentive « à apporter les bonnes informations en fonction de l’âge de l’élève ». Sur France Inter, l’ex-Première ministre a martelé jeudi que ce programme était « indispensable ». La précédente mouture du texte avait irrité l’extrême droite et les associations de parents les plus conservatrices, qui dénonçaient un programme « idéologique ». Au sein du gouvernement Barnier, le ministre délégué à la Réussite scolaire, Alexandre Portier, avait lui-même exprimé des réserves.

Selon la version corrigée du programme consultée par franceinfo, l’identité de genre est désormais citée sept fois au lieu de 17 précédemment, confirmant les informations de BFMTV(Nouvelle fenêtre). Autre changement : la disparition du concept d’asexualité, auparavant mentionné en classe de 4e. Hormis ces inflexions symboliques, la philosophie du programme reste la même. Franceinfo vous présente les enjeux pour chaque niveau.

A l’école primaire, connaître les bases de l’intimité

Les questions liées à la sexualité ne sont pas abordées dans le premier degré. Le ministère de l’Education nationale a fait le choix de porter les apprentissages sur la vie affective et relationnelle.

En maternelle, le programme « se développe à partir de la considération du corps, des sentiments et des émotions, du respect de l’intimité et de l’égalité entre les filles et les garçons ». Les élèves apprennent par exemple à nommer les parties de leur corps. Ils découvrent la notion de consentement à travers des mises en situation (« Est-ce que je peux m’asseoir à côté de toi ? »). L’objectif est aussi de leur faire comprendre qu’un métier peut être choisi « indifféremment par les filles ou les garçons, en fonction des compétences requises et de l’envie de l’exercer ». On les aide aussi à identifier les ressemblances et différences physiques entre filles et garçons. Enfin, les élèves « prennent conscience de la différence de sensations selon les personnes » et explorent les types de sentiments, comme l’amour, l’amitié et l’entraide. 

En élémentaire, l’accent est mis sur l’intimité et les changements du corps. Dès le CP, les élèves sont amenés à repérer, à partir de situations de la vie quotidienne, « des espaces où la question de l’intimité, du respect du corps se pose ». On leur explique comment réagir s’ils subissent un contact non souhaité. Ils découvrent par ailleurs les différentes structures familiales : hétéroparentale, monoparentale, homoparentale, adoptive, recomposée, sans enfant. A partir du CE1, ils découvrent ce que sont les stéréotypes, notamment de genre, et les discriminations. En CM1, les changements liés à la puberté sont évoqués, tout comme le harcèlement scolaire. Les violences sexuelles et les dangers liés à internet sont abordés au CM2.

Au collège, informer sur la puberté et la sexualité

Le programme du collège « fournit aux élèves des connaissances, des repères culturels, ainsi que des outils de sensibilisation et de réflexion, pour les aider à comprendre et à vivre sereinement les changements qu’ils traversent ». La notion de sexualité est appréhendée progressivement, avec une approche positive autant qu’une prévention des risques.

En 6e, les élèves continuent d’explorer les changements induits par la puberté. Les filles, en particulier, sont informées « du fait que les menstruations douloureuses nécessitent une consultation médicale ». Les 5e apprennent à différencier « sexe, genre, orientation sexuelle et respecter leurs diversités » et prennent un peu plus conscience des discriminations qui existent à ce sujet. C’est donc à ce niveau précis que la notion d' »identité de genre » disparaît, par rapport à la précédente version du programme, mais elle réapparaît au lycée.

En 4e, les élèves sont invités à « envisager la sexualité comme un cheminement personnel singulier ». On leur explique aussi en quoi la pornographie « représente de manière faussement réaliste et stéréotypée les actes sexuels ». Des informations plus poussées leur sont par ailleurs données sur les dépistages et la prise en charge de la santé sexuelle. Enfin, les 3e explorent les concepts de désir, d’excitation, de plaisir, de bonheur, ainsi que leurs relations à la sexualité. Ils doivent en outre comprendre « que le désir peut ne pas toujours être assouvi ». Parmi les autres thèmes abordés : l’emprise, la soumission chimique, l’inceste, le mariage forcé et les mutilations sexuelles. 

Au lycée, comprendre la notion de consentement

Au lycée, l’approche devient plus « réflexive et critique ». Les élèves de seconde sont amenés, à partir de témoignages, à « prendre conscience que le sexe biologique peut ne pas correspondre à son identité de genre ». Ils apprennent qu’il existe des personnes intersexes. Alors que les photos retouchées inondent nos réseaux sociaux, ils sont par ailleurs invités à « engager une réflexion sur la perception de son image de soi » et à « construire une image positive de soi ».

En classe de première, la notion de consentement, fil rouge de ce programme, est approfondie. Les élèves doivent comprendre que l’absence d’un « oui » et les situations d’hésitation sont égales au non-consentement. On évoque aussi auprès d’eux les conséquences de la prise de drogues, à savoir l’augmentation du « risque de prise de décision inappropriée, y compris en matière de sexualité ».

A la fin du lycée, les terminales explorent la liberté d’être soi parmi les autres et les bases d’une relation saine. Enfin, dans la lignée des discriminations abordées jusqu’alors, ils prennent conscience des préjugés liés à la sérophobie (c’est-à-dire le rejet des personnes séropositives).

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